Est-il vraiment impopulaire, comme semblent le penser certains responsables, de vouloir légaliser le cannabis ? Rien n’est moins sûr.
Depuis deux ans, le CAL prend le pouls du public à l’occasion du festival Les Solidarités à Namur. Autour du stand, on discute, on débat et on remplit un bref questionnaire. Les résultats de cette année confirment ceux de 2017 : le public se montre globalement favorable à la légalisation. « Bien sûr, c’est un public de festival. Nous savons que cela crée un biais. Mais nous sommes quand même ici face à un public relativement familial », explique Anne Cugnon, coordinatrice CAL/COM de la campagne « Cannabis, réglementons ! ».
411 questionnaires ont ainsi été remplis au cours des deux jours de concerts et activités. À la question « Avez-vous déjà consommé du cannabis ? », 58 % des participants ont répondu oui, 40 % non et 2 % sont sans avis. À la question « Le fait que la justice sanctionne les détenteurs de cannabis pour consommation personnelle est-elle une bonne chose ? », 16 % des participants ont répondu oui, 69 % non et 15 % se disent sans avis. Enfin, à la question « Êtes-vous en faveur d’une réglementation de la vente du cannabis ? », 81 % participants ont répondu oui, 11 % non et 8 % sont sans avis. « Le public est particulièrement sensible à la question du cannabis thérapeutique », commente Anne Cugnon, ce qui peut expliquer en partie son ouverture, y compris parmi ceux qui n’ont jamais consommé. « Il n’y a pas de corrélation directe entre le fait d’avoir déjà consommé et l’ouverture à une réglementation. »
Bien sûr, autour du stand, il arrive que les opinions divergent, d’autant que certains pensaient trouver ici un lieu de prévention des drogues… et s’offusquent d’y trouver ce qu’ils jugent être de la « promotion » des drogues. Progressivement, un espace de dialogue se crée néanmoins au départ du vécu de chacun. « Je travaille avec les jeunes, je les connais : quand on leur autorise un verre, ils en veulent plusieurs. Qu’est-ce que ça sera si on leur autorise d’autres choses ? » s’interroge une trentenaire, psychologue en milieu scolaire. « Quand la consommation est cachée, on ne parle pas des vrais effets… », avance Anne Cugnon. « Je suis de ceux qui pensent que l’homme n’est pas assez responsable pour se gérer lui-même à ce niveau-là », rebondit un autre festivalier. Car par-delà la question de la légalisation, c’est bien toute une conception de l’homme et de sa liberté qui se débat ici.