Auteur prolifique malgré un emploi du temps de prime abord bien chargé, François De Smet décrypte avec malice, dans un dernier essai intitulé Deus casino, les conséquences de l’irruption du pastafarisme dans la gamme des religions qui s’offrent à nous. Amené à modérer un débat face à une salle dans laquelle bon nombre de participants se coiffent d’une passoire, il est surpris par le sérieux avec lequel les pastafariens s’impliquent dans ce qui est présenté comme une nouvelle religion. Et il décide alors de s’intéresser d’un peu plus près aux origines et modus vivendi du pastafarisme. De façon générale, l’auteur postule que c’est « grâce au recours inconscient au jeu que les croyants acceptent de suspendre leur jugement et croient ». Y compris des histoires souvent abracadabrantesques. Mais la théorie d’un Monstre en spaghetti volant à la base de la création de notre monde vient ébranler cet édifice. Dans ce livre, François De Smet analyse avec finesse le coup tactique du fondateur du pastafarisme : « Suggérer, sans jamais l’énoncer explicitement, qu’entre un Dieu créant le monde en sept jours et un Monstre en spaghetti volant l’improvisant après avoir éclusé trop de bières, ne subsistent guère que des différences de temps écoulé, de reproduction symbolique et d’hégémonie culturelle, et non de différences de réelle vraisemblance. » Le résultat, ma foi plaisant, est immédiat : « Ce n’est pas le Monstre en spaghetti volant qui est mis au même plan que Dieu ; c’est l’invraisemblance de l’existence de Dieu qui est mise à l’échelle de l’invraisemblance de l’existence du Monstre en spaghetti volant. » Et se pose alors la question : en fin de compte, toutes les religions n’ont-elles pas elles-mêmes été créées sur ce modèle ? Et à partir de là, ce Monstre ne nous invite-t-il pas à nous interroger sur ce qu’est une religion « légitime » ? (bvdm)