Espace de libertés | Novembre 2020 (n° 493)

Archives de l’(in)humanité


Quoi?!

On parle régulièrement de la restitution des biens culturels spoliés pendant la période coloniale, moins de la restitution des restes humains. Même si, depuis le retour en Afrique du Sud du corps de Saartjie Baartman, la « Vénus hottentote », en 2002, les demandes se multiplient. Dans le contexte d’émergence de nouvelles disciplines scientifiques durant la seconde moitié du xixe siècle, l’anthropologie s’est dotée de collections scientifiques pour la recherche et l’enseignement. Des corps ou des parties de corps d’habitants des territoires aujourd’hui situés en République démocratique du Congo – des crânes, le plus souvent – ont ainsi été « acquis » et transportés en Belgique par des militaires ou des coloniaux belges avant de rejoindre les vitrines académiques. L’Université libre de Bruxelles a récemment signé une convention de restitution avec l’Université de Lubumbashi (Unilu). « Un impératif éthique qu’il convient de saluer comme une étape décisive, à la fois pour la réappropriation des pans occultés [de l’histoire] et pour une coopération scientifique débarrassée du poids du passé », selon Gilbert Kishiba Fitula, recteur de l’Unilu. Il souligne également le rôle de « déblayage de terrain » que les universités ont aujourd’hui à jouer. Car dans de nombreux musées européens, les épisodes douloureux de l’histoire coloniale ont encore leurs témoins. Silencieux, certes, mais bien de chair et d’os. (ad)