Pour les générations nées après 1970, l’« habitude » de vivre dans un monde en crise s’est installée. Crise du pétrole, du sida, de l’économie et de la finance, du terrorisme, de la démocratie, du climat… la liste est longue.
Mais cela ne doit pas éluder la dernière en date, car celle-ci semble malheureusement être à la fois celle de trop, et celle qui exacerbe toutes les autres. C’est en cela qu’elle est préoccupante, car elle se présente comme une hydre à plusieurs têtes dont on peine à choisir laquelle éliminer en premier lieu.
Les derniers rapports de la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) indiquent que la faim dans le monde s’accroît et compromet très sérieusement l’objectif onusien de l’éradiquer d’ici 2030 comme prévu. Les enfants font partie des premières victimes, avec 15 % de plus plongeant dans la pauvreté depuis le début de la pandémie, selon l’Unesco. Tandis que les violences intrafamiliales sont également en hausse. Sans oublier les migrant.e.s dont certains États choisissent de nier – encore davantage – l’existence depuis l’arrivée de l’urgence sanitaire. À l’instar de l’autre urgence : climatique, dont on sait qu’elle engendrera d’autres formes de précarité, si elle n’est pas rapidement jugulée.
Les répercussions de la crise sanitaire, susceptibles d’entraîner une récession économique sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale, risquent d’être chaque fois plus lourdes pour une part importante de la population. Ici et ailleurs. Et pour de nombreuses années.
Les mesures étatiques et l’annonce d’une attention particulière qui devrait être portée aux plus précarisés, par le nouveau gouvernement, sont à saluer. Mais elles devront impérativement et rapidement être suivies d’effets. Et pour tout le monde. Car dans toute crise, il y a toujours les « oublié.e.s ». Celles et ceux qui sortent des radars d’analyse classique. Parfois parce qu’ils/elles ne sont inscrit.e.s dans aucun système permettant de les identifier, parfois parce qu’ils/elles ne connaissent pas leurs droits, mais aussi parce qu’ils/elles cumulent les facteurs de précarisation et que l’effet boule de neige les submerge.
C’est pour toutes ces raisons que le Centre d’Action Laïque lance en ce mois de novembre sa campagne basée sur la solidarité inclusive, pour que personne ne soit oublié, avec un slogan : « Égaux, ensemble. » Donc vous, et moi et eux, elles, aussi !