Espace de libertés | Novembre 2020 (n° 493)

Bioéthique : élever le débat


Des idées et des mots

Les combats parlementaires de Jean-Louis Touraine, député à l’origine d’une proposition de loi sur la fin de vie dans la dignité, sont connus en France. On connaît peut-être moins la manière dont il a étayé sa réflexion sur les sujets de bioéthique à la lumière de son expérience de médecin. Rapporteur de la mission d’information de l’Assemblée nationale sur la dernière révision de la loi bioéthique, président de France Transplant, vice-président de la Fédération hospitalière de France, entre autres fonctions actuelles ou passées, l’auteur propose dans un petit livre ses réflexions articulées autour de deux axes : naître et mourir. Ceux qui ont en mémoire les combats d’Henri Caillavet y décèleront à juste titre nombre d’analogies. Une phrase résume bien l’état d’esprit de Jean-Louis Touraine : « Tout l’art, dans la bioéthique de demain, consistera à conjuguer des valeurs humanistes communes avec des points de vue divers, des choix de vie différents, mutuellement respectés. » À l’opposé de ceux qui, sur ces thèmes délicats, font appel à l’intime, assènent leur opinion, procèdent par anathèmes ou slogans réducteurs, Jean-Louis Touraine respecte ses contradicteurs et tente d’élever les débats. Il a raison de citer Voltaire : « Lorsqu’une question soulève des opinions violemment contradictoires, on peut assurer qu’elle appartient au domaine de la croyance et non à celui de la connaissance. » On lira donc avec profit les réflexions du député et professeur Touraine sur l’aide médicale à la procréation, sur les dons de gamètes, la recherche sur l’embryon, la gestation pour autrui ou l’accès aux origines. Et bien sûr, s’agissant des questions relatives à la fin de vie, où il s’est illustré depuis des années : « Le temps est révolu où le paternalisme d’une société de médecins, d’autorités civiles et ecclésiastiques décidait de ce qui est satisfaisant pour chaque moribond. Le soigné n’est plus sous la domination du soignant. » Ce qui peut nous sembler une évidence nécessitera encore beaucoup de persévérance pour abattre les préjugés d’un autre âge. (phf)