Espace de libertés | Décembre 2020 (n° 494)

Aux femmes conquérantes, leurs filles reconnaissantes


Des idées et des mots

« Nous les femmes, nous sommes la moitié du Ciel et même un peu plus. […] Nous voulons être la moitié de tout, pas vos moitiés, la moitié de tout. Et surtout être au moins la moitié partout où se prennent les décisions. Le monde qui vient devra s’habituer partout à la présence de nos filles, de vos filles. » C’est sur cette citation puissante de Christiane Taubira que s’ouvre le dernier chapitre de ce bel et passionnant ouvrage dont l’ambition est de retracer la laborieuse évolution de la place des femmes dans la sphère publique au sein de nos sociétés occidentales, en France plus particulièrement. Richement illustré, se présentant sous la forme d’un dialogue entre l’historienne Michelle Perrot et le journaliste Jean Lebrun, il nous donne d’abord à voir la partition drastique des rôles dans la Cité de la fin du xviiie à la première moitié du xxe siècle. Il rappelle notamment que l’exclusion des femmes de l’espace public était géographique et spatiale selon les classes sociales, mais politique pour toutes. Longtemps, parler en public leur fut impossible. Invisibilisées, confinées à la sphère privée et interdites de citoyenneté politique, nombre d’entre elles batailleront avec âpreté pour conquérir progressivement leur place et faire valoir leurs droits. Pourtant, tout n’est pas acquis. Il faut bien constater que les femmes rencontrent encore certaines difficultés pour accéder aux commandes de la Cité. Et si, aujourd’hui, l’occupation de l’espace public, de la rue à l’agora, est officiellement possible pour toutes et tous de manière égale, celui-ci n’en reste pas moins terriblement genré. La liberté des femmes et leur présence physique n’y sont pas encore totalement admises en toute sécurité. De nombreuses résistances réelles ou symboliques subsistent. Le combat continue ! (ac)