Au cœur de ce marasme et des tragédies humaines que nous vivons actuellement, le 3 novembre dernier nous a permis de bénéficier d’une petite bulle d’optimisme.
Il part ! Fini, basta ! Cet oligarque qui ne disait pas son nom, mais qui s’employait à détricoter avec une certaine perversité les acquis de la plus grande démocratie du monde doit s’en aller, désavoué par les urnes qui l’avaient propulsé au pouvoir. Cet événement est important à l’échelle planétaire à plus d’un titre. Et il l’est aussi pour la laïcité, sous de multiples dimensions.
En premier lieu, vis-à-vis du respect de la démocratie et de l’État de droit, dont les règles les plus élémentaires ont été piétinées au gré des quatre dernières années. Avec une intolérable incidence sur les plus précarisés et un ignoble regain de discriminations. Enfants mexicains séparés de leurs parents migrants, meurtres en série d’Afro-Américains n’en sont que quelques exemples. Et si le droit national était bafoué, au niveau international, Trump s’est également amusé à démanteler tout ce qui pouvait l’être. Dans cette catégorie, notre préoccupation se focalise particulièrement sur l’action commune que l’ensemble des continents doit désormais mobiliser sans attendre dans le domaine du climat. Là encore, il s’agit d’une question de droits qui ne peuvent plus être bafoués : celui de pouvoir vivre dans un environnement sain et viable et de ne pas devoir émigrer pour échapper aux bouleversements environnementaux. Mais nous avons par-dessus tout un devoir de solidarité envers les générations futures.
Troisième point qui nous inquiétait fortement : celui de l’influence grandissante des Églises et de diverses croyances dans les processus décisionnels. Quelles que soient ces croyances, celles-ci ne peuvent outrepasser l’État de droit. Et force est de constater qu’à ce sujet, la présidence sortante se solde par certains dégâts collatéraux. Se défaire de cette logique, réparer, sera crucial pour assurer la paix et l’égalité.
Dernière raison de nous réjouir de la sortie de route de Trump : le « père » des fake news – même si ce n’est pas le seul protagoniste en la matière – a fait un tort gigantesque à la cohésion de nos sociétés, aux médias d’information, à la liberté de la presse, à tous les porteurs de connaissances en général (les scientifiques en premier lieu), et in fine, à nos démocraties. Son système de référence basé sur le mensonge et la manipulation risque de perdurer quelque peu, vu son enracinement ces dernières années, mais celui-ci pourrait perdre son agora et sa caisse de résonance avec la chute d’Ubu. Voilà donc plusieurs raisons de nous réjouir, avec la ferme volonté de repartir sur des bases plus saines, fondées sur la raison et la solidarité que la laïcité chérit, et qui ont été malmenées ces dernières années. L’effet papillon de cette dérive autoritaire, espérons-le, pourrait changer de direction.