Espace de libertés | Décembre 2020 (n° 494)

La pénétration islamiste à l’école


Des idées et des mots

Seize ans après le « rapport Obin », l’ancien inspecteur général de l’Éducation nationale s’attache à décrire Comment on a laissé l’islamisme pénétrer l’école en France. Il y dresse un diagnostic d’autant plus sévère que beaucoup de temps a été perdu pour endiguer le phénomène. Remis au ministre de l’Éducation François Fillon en 2004, le rapport Obin a connu un destin singulier. Élaboré par une dizaine d’inspecteurs généraux de l’Éducation nationale sous la houlette de Jean-Pierre Obin, il pointait les atteintes à la laïcité au sein des établissements publics. Jugé inopportun, il fut « enterré sans cérémonie », comme le raconte son auteur. Si l’on a l’habitude de qualifier l’institution militaire française de « grande muette », l’Éducation nationale pourrait sans conteste être définie comme une « grande aveugle ». Le déni, la minoration constante des faits, la tactique de la poussière sous le tapis, le « pas de vagues » érigé en doctrine ont longtemps caractérisé ce ministère. Bien que tardive, une prise de conscience semble réelle, même si de fortes résistances demeurent. Les commentateurs qui ont coutume de relativiser la croissance régulière des revendications religieuses au sein de l’institution scolaire auront ici fort à faire. Car le livre de Jean-Pierre Obin n’est pas un pamphlet écrit à la va-vite, pas plus que la vingtaine d’ouvrages sur le métier d’enseignant qu’il a à son actif. Il énonce des faits, détaille des situations, pointe des évolutions. Réfuter ses arguments nécessiterait de déployer une même exigence scientifique que celle de l’auteur, ingénieur en mécanique des solides. Au-delà de ces descriptions, il s’attache aussi à exposer le contexte politique, géopolitique et social dans lequel l’islamisme a pénétré l’école et continue de s’y développer parfois sans entrave. Il livre également un certain nombre de pistes pour inverser la tendance. (ph)