Espace de libertés | Juin 2021 (n° 500)

La démocratie vue par le Vatican


Quoi?!

Lorsque le roi Baudouin refuse, le 3 avril 1990, de signer et de promulguer, pour des raisons de conscience, la loi dépénalisant partiellement l’avortement, le Vatican – cela allait de soi – ne pouvait qu’approuver « le geste noble du Roi des Belges ». Celui-ci, expliquait l’Osservatore romano (5 avril 1990), avait ainsi fait preuve d’un sens correct de la démocratie, qui exige en effet – d’après le journal – « qu’un souverain ou un chef d’État ne soit pas sous l’emprise d’une volonté populaire majoritaire, dès lors que celle-ci nie les valeurs supérieures de la vie, de l’homme et de la société. Une telle démocratie doit permettre à quiconque en a la responsabilité de s’opposer à la volonté aveugle d’une majorité qui, en s’appuyant sur de fausses valeurs, s’écarte du droit chemin ». Le pape Jean-Paul II n’a fait lui-même allusion à la décision royale qu’en s’adressant à des pèlerins polonais le 30 janvier 1991, à un moment où il s’agissait d’encourager le Parlement de Varsovie à voter la législation réprimant, elle, l’avortement : « Je pense avec gratitude à l’exemple donné il y a peu par le roi de Belgique, lorsqu’il refusa de signer la loi qui portait atteinte au droit à la vie des enfants avant la naissance. » (js, no 190, avril 1991)