Des valeurs cardinales chères à la laïcité, la solidarité est peut-être la plus fragile actuellement. Nous poursuivons donc notre triptyque, initié en mars dernier avec l’égalité, pour nous arrêter ce mois-ci sur la solidarité, car le droit à une vie digne constitue un préalable à l’exercice d’autres droits fondamentaux. Or, ces dernières années, différents indicateurs démontrent ici des délits de solidarité, là un vacillement des balises constitutives des piliers qui permettent l’émancipation individuelle et collective. Le droit à l’emploi, mais aussi au logement, l’accès à un système de santé assurant la dignité des personnes, l’exercice de nos droits culturels, la possibilité de bénéficier d’un environnement sain et viable se fragmentent au fil des années.
Une lueur d’espoir brille heureusement grâce à toutes les personnes, jeunes comme plus âgées, qui osent se lever, sortir dans la rue, pour défendre envers et contre tout la solidarité avec les migrants, entre les générations, avec les femmes ou les plus précaires et pour tenter d’influer sur le cours de l’histoire du dérèglement climatique. Et si l’échelle régionale et nationale permettent un important travail politique et citoyen sur la solidarité, il est évident que concernant certaines matières, les enjeux se déroulent à une échelle supranationale. Raison pour laquelle notre dossier se focalise ce mois-ci sur le multilatéralisme, avec ces sous-questions : vivons-nous la fin d’une époque ? Il semble que, ces dernières années, le multilatéralisme et la solidarité aient été écornés par certains grands de ce monde, mais est-ce vraiment le cas ? Et quelles pourraient en être les conséquences ?
« Indignez-vous et engagez-vous ! » scandait inlassablement Stéphane Hessel. Des mots qui résonnent au cœur de notre action depuis cinquante ans. Le Centre d’Action Laïque est en effet un jeune quinqua, dont l’engagement pour la défense de valeurs essentielles nécessaires à un vivre ensemble harmonieux au sein de la société, ne faiblit pas. L’égalité, la solidarité et la liberté qui traversent l’ensemble de nos mémoranda en attestent. Selon l’écrivain Erri De Luca, « quand la fraternité est illégale, il faut désobéir. Porter secours n’est pas un choix, mais un devoir. La fraternité est une énergie qui permet à l’humanité de surmonter les obstacles, les tragédies. Et quand nous sommes émus et mobilisés par la fraternité, nous connaissons de nous quelque chose de nouveau qui nous enthousiasme ». Restons résolus et ne perdons pas l’espoir.