Espace de libertés | Octobre 2018 (n° 472)

Alors que la Belgique entame son premier round électoral – le premier d’une série de plusieurs mois –, il est de bon ton de nous interroger sur nos droits. À la veille des 70 ans de la proclamation de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, les droits fondamentaux sont-ils aussi effectifs qu’espéré à l’époque d’après-guerre qui les vit naître ? Mais surtout, le sont-ils tous ? Et tous les types de droits avaient-ils été envisagés à leur juste valeur à cette époque ? Car si le monde s’est indéniablement « amélioré » quant au respect de plusieurs d’entre eux, on ne peut que s’interroger sur le peu de place laissé à d’autres, tout aussi fondamentaux, qui s’en trouvent bien fragilisés. Quand le racisme, aussi ordinaire que tristement ancré chez certain.e.s, surgi sans filtre, sans vergogne, bien que la loi existe pour le condamner, comment analyser ce droit fondamental à la dignité, bestialement bafoué ? Alors que les voix extrémistes et populistes grandissent vertigineusement un peu partout au cœur de nos terroirs européens, et que la Belgique ne semble pas épargnée, ferons-nous valoir notre droit de vote avec éthique et mu.e.s par un véritable devoir citoyen constructif et non basé sur la volonté de diviser pour mieux régner ? Aurons-nous le courage d’enfin prendre à bras le corps la défense de notre droit à vivre dans un environnement viable à moyen terme – en espérant que cela le soit à court terme ? De léguer autre chose qu’une planète-poubelle aux générations futures ? Tellement de sonnettes d’alarme (une terminologie juridique si spécifiquement belge) tirées ces dernières semaines, qui résonnent dans un silence assourdissant. Nos droits fondamentaux, hérités de 1948, ceux plus récents ou à faire valoir, semblent parfois chanceler du haut de leur piédestal. Les élections font partie du processus qui nous permet d’orienter leur édification, puis leur consolidation. Mais derrière les droits, il faut surtout des actes. Une loi sans foi (en elle) reste lettre morte. Donner toute sa vitalité au corpus législatif fondamental et l’incarner, compte tout autant que de le promulguer. Et à ce niveau, chacun.e d’entre nous pouvons être une petite partie de ce changement que nous voulons voir dans le monde.