Espace de libertés – Avril 2016

Bruxelles à l’épreuve du libre examen


Édito

Au moment d’écrire ces lignes, nous sommes encore dans l’«aftermath» des attentats de Bruxelles. La phase de terreur et d’émotion s’apaise, alors que s’élève celle des questions, des responsabilités, des dysfonctionnements divers et variés. Bien sûr, aucun constat de carence, aucune indignation, aucune mesure prise dans l’urgence ne ramènera à la vie les personnes tragiquement décédées dans cet assassinat de masse, ni ne guérira les blessures parfois dramatiques des survivants. Mais devant le déballage effarant d’une réalité ou personne n’est en faute à l’exclusion de tous les autres, chacun se sent désormais vulnérable et menacé dans ce pays dont on se plaisait, jusqu’au 22 mars 2016, à vanter le plaisir d’y vivre.

Nous constatons avec tristesse mais sans surprise que certains ont immédiatement vu dans ces événements matière providentielle à vendre leurs idéologies nauséabondes, sans aucun respect pour la mémoire des victimes et de leurs familles. Qu’ils trouvent ici l’expression de notre plus profond dégoût.

Il n’entre pas dans les missions d’un média comme Espace de Libertés de se mêler à la meute des mécontents, ni à celle des populistes qui réclament des mesures de répression correspondant exactement, hélas, à ce que Daesh espère, ni à celle des bonnes consciences qui prêchent le pardon alors que les plaies sont encore béantes.

Notre rôle serait davantage d’ouvrir des pistes de réflexion sur les causes profondes du mal qui nous accable, sur une analyse sereine des réponses possibles et des solutions basées sur le libre examen et les valeurs des droits humains. Nous tenterons dans notre prochain numéro cet exercice ambitieux mais ô combien indispensable à mener pour échapper aux nombreux pièges des doxas bien pensantes qui se livrent une concurrence acharnée pour conquérir les opinions.

Au-delà de la posture émotionnelle, faisons primer la raison sur les passions.