Le Lider Maximo a fini par faire comme tout le monde. C’était début décembre à Cuba, il avait 90 ans. Alors, était-il un « monument de l’histoire » comme l’a dit imprudemment Ségolène Royal ? Faisait-il, « aux yeux de beaucoup figure de héros » comme le prétend Jean-Claude Juncker ? Était-il vraiment nécessaire de prier « le Seigneur pour [son] repos et confier le peuple cubain à l’intercession maternelle de Notre-Dame de la Charité d’El Cobre, la sainte patronne du pays », comme l’a fait le pape François ? Nous ne trancherons pas.
Castro est entré dans l’histoire par la grande porte, c’est un fait. C’était en janvier 1959. Tout le monde était subjugué par sa bande de guerriers barbus et déguenillés qui avaient réussi à vaincre une armée moderne et bien équipée, soutenue à bout de bras par les Américains. Ernesto, Camillo, Huber, Raul et tant d’autres : ils étaient jeunes, beaux, farouches et, la mitraillette en bandoulière, tétaient toute la journée d’énormes cigares. Sartre, Beauvoir, Montand et Debray se pressaient alors à La Havane pour recueillir les rayons de leur aura. Soudain l’utopie prenait vie, la Révolution n’était plus un vain mot ni un souvenir historique tourné en cauchemar.
Mais, cahin-caha, le grand soir cubain s’est transformé en un piège atroce pour beaucoup et, selon le mot cruel d’Octavio Paz, le révolutionnaire tant adulé en un petit dictateur typiquement latino-américain. Il est vrai que sous sa houlette, Cuba est entrée dans l’histoire et la géographie mondiales. Mais à quel prix ?