Décidément, « La petite bédéthèque des savoirs », collection dans laquelle vient s’inscrire l’Histoire de la prostitution, nous a tapés dans l’oeil: ce que l’on aime, c’est l’idée de rendre les savoirs accessibles au grand public par le croisement de la bande dessinée et des sciences humaines. Nous recensions Le féminisme d’Anne-Charlotte Husson et de Thomas Mathieu dans la rubrique « Arts » du dernier numéro d’Espace de Libertés et nous ne résistons donc pas à l’envie de vous parler du 10e tome paru simultanément.
Philosophe belge, chercheur et professeur de théorie du droit à l’ULB, à la KUL et à l’Université de Bonn, Laurent de Sutter est l’auteur de plusieurs essais dont une Métaphysique de la putain qui fit l’objet d’une conférence à Bruxelles en 2013 dans le cadre de la semaine de la pop philosophie. Après avoir envisagé la prostitution par le biais de la philo, il l’aborde ici par le biais de l’histoire: un récit non chronologique qui, pour montrer les différentes façons dont « le plus
vieux métier du monde » a été appréhendé (et réprimé) selon les périodes, bondit d’une époque, d’une culture et d’une ville à l’autre, de Paris à Lyon passant par Suse, Athènes, Rome (l’occasion de rappeler que les liens entre le Vatican et les prostituées sont bien plus ténus qu’on ne le croit), Dijon, Florence, Madrid, Tokyo et Alger. Pour illustrer cette Histoire, Agnès Maupré, illustratrice et coloriste française, qui a étudié la BD à l’École d’art d’Angoulême et la morphologie à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, fait dans la dentelle. Ses couleurs sont douces comme une aquarelle. Et son trait tout en courbes comme le corps-outil de travail de celles qui se nomment travailleuses du sexe.