Espace de libertés | Décembre 2018 (n° 474)

Pas de prescription pour le génocide


Quoi?!

Le verdict est historique: les deux plus hauts dirigeants khmers rouges encore en vie ont été condamnés le 16 novembre dernier – soit près de 40 ans après les faits – au Cambodge par le tribunal parrainé par l’ONU pour «génocide». À respectivement 92 et 87 ans, l’idéologue du régime ultra-maoïste Nuon Chea et le chef de l’État du «Kampuchéa démocratique» Khieu Samphan ont écopé d’une peine de prison à perpétuité. Déjà condamnés à une peine identique pour «crimes contre l’humanité» en 2014, les deux hommes ont vu la décision confirmée en appel en 2016. Pour la première fois, souligne Libération, le qualificatif de « génocide» a été retenu par le tribunal international concernant les actions à l’encontre des Vietnamiens, de la communauté musulmane des Chams et d’autres minorités religieuses. Et ce malgré les tentatives du Premier ministre actuel Hun Sen, lui-même ancien cadre khmer rouge, de ne voir personne renvoyé devant le tribunal pour éviter tout trouble dans le pays. Alors que Pol Pot est mort il y a 20 ans sans avoir été jugé, cette décision va avoir «un poids très important pour le Cambodge, la justice pénale internationale et les annales de l’histoire», a déclaré David Scheffer, expert auprès du secrétaire général de l’ONU lors des procès.