Espace de libertés | Décembre 2018 (n° 474)

Des idées et des mots

En Belgique, les coopératives apparaissent au cours du dernier quart du XIXe siècle. Leur ancrage dans la société se fait en lien avec le modèle belge de pilarisation de la société. Elles sont donc neutres, socialistes ou chrétiennes et prennent principalement la forme de coopératives de consommation. Elles vont connaître leur heure de gloire durant l’entre-deux-guerres pour décliner inexorablement dans la seconde moitié du XXe siècle.

Après avoir revisité dans les deux premières parties du dossier de leur histoire, en particulier celle du modèle lié au mouvement socialiste belge, Julien Dohet s’attache à en décrire la réalité multiple. En effet, au-delà de son objet premier, le mouvement coopératif socialiste porte un projet global de changement de la société. Visant la concentration de pans entiers de l’économie afin de la socialiser, il s’est ainsi incarné dans les Maisons du peuple, rassemblant l’ensemble des organisations liées au POB. Sans oublier le rôle majeur des œu­vres sociales, une sécurité sociale avant la lettre pour les membres des coopératives, qui ont été pour beaucoup dans le succès du modèle coopératif belge. Dans un dernier chapitre, l’auteur passe en revue les questions actuelles posées autour du modèle coopératif au prisme de l’expérience historique. Avec pour interrogation ultime: le modèle coopératif peut-il constituer une alternative au capitalisme ou bien est-il destiné à se résumer à des îlots éthiques en son sein?

À la lecture de ce dossier, au croisement entre l’étude scientifique et l’interpellation citoyenne, force est en effet de constater, avec l’auteur, que les questionnements d’hier font bien écho à ceux d’aujourd’hui. (ac)