Espace de libertés – Juin 2015

Édito

La mobilité des personnes constitue un phénomène ancestral. Les êtres humains sont souvent prêts à tout risquer, y compris la vie, pour un avenir meilleur.

Si, de nos jours, les migrations font peur par leur caractère supposé invasif, une société solidaire ne peut laisser les plus vulnérables sur des esquifs de fortune. Il nous revient de faire entendre la voix des sans voix, de les sortir des griffes des mafias de « passeurs » au nom des valeurs universelles de liberté, d’égalité et de solidarité.

Le parcours du migrant chercheur d’asile comporte une série inadmissible d’infractions aux traités de sauvegarde des droits humains. La jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme en témoigne cruellement. La plupart des lois et procédures relatives à l’asile et à la migration devraient être revisitées sous cette lumière.

Rappelons le principe de la liberté de circulation. Comme toutes les libertés publiques, pour être effective, elle doit être encadrée, protégée par des garanties et des instances publiques supérieures capables de les faire respecter. La liberté de circuler est ainsi assortie au principe d’égalité de droits, de traitement, de devoirs et de participation. Nous ne saurions donc envisager l’accueil des migrants sans leur garantir les conditions d’hébergement et de vie dignes.

Plutôt que de l’abandonner aux mafias, il convient d’organiser la filière migratoire par les voies officielles, dans des conditions sanitaires acceptables et exemptes de danger pour l’intégrité des personnes. Parmi les mesures initiales, l’officialisation de l’accueil devrait passer par une procédure simplifiée en termes de visas. Un droit de séjour limité et conditionnel pourrait être accordé aux migrants qui répondent aux critères. Des services spécialisés pourraient être chargés d’étudier, en concertation avec eux, des stratégies d’adaptation ou de retour qui garantissent la sécurité et la viabilité des familles.

De tels changements nécessitent une évolution des mentalités et beaucoup de pédagogie. Il s’agit pour nos gouvernements et la société civile d’accompagner, de rendre compréhensibles et légitimes les évolutions dictées par l’intérêt général et le respect des personnes.