Juriste de formation et féministe, Marie-Hélène Lahaye s’intéresse aux questions liées aux violences obstétricales. Son blog Marie accouche là a recueilli plusieurs centaines de témoignages de femmes qui ont mal vécu le jour où elles ont donné la vie. Dans son premier ouvrage, elle analyse les pratiques autour de l’accouchement à travers la littérature scientifique, les recommandations des instances de santé et les travaux d’historiens et d’anthropologues. Elle y dénonce la surmédicalisation de la naissance et questionne l’utilité de toute une série d’actes posés dans de nombreux hôpitaux : touchers vaginaux réguliers, monitoring du cœur du bébé via une ceinture, injections d’ocytocine pour accélérer les contractions, épisiotomie, césarienne, etc. Selon elle, ces protocoles sont basés sur le modèle fordiste (« accoucher vite pour libérer des lits ») et sont encore trop imprégnés de culture patriarcale. La parole et les besoins des parturientes souvent mis de côté et trop rarement pris en compte par les praticiens. Par ailleurs, ces actes sont, selon elle, posés le plus souvent sans fondement scientifique et empêchent dès lors les femmes de se réapproprier leur corps. L’auteure va jusqu’à considérer l’obstétrique comme « profondément misogyne » et l’accouchement comme « le dernier bastion de la domination masculine ». Malgré quelques « phrases-chocs » et comparaisons hasardeuses qui déforcent parfois son propos (lien entre épisiotomie et excision ou « accouchement avec un revolver sur la tempe »), l’auteure, en se positionnant en lanceuse d’alerte, a le mérite de partir du vécu des femmes pour dénoncer une réalité que le monde médical feint encore trop d’ignorer. Elle propose des pistes de réflexion aux pouvoirs publics pour repenser l’accompagnement des patientes. Ce livre constitue donc un ouvrage intéressant dans la réorientation des politiques à mener autour du droit des femmes dans le cadre des naissances. (jpa)