Au Monténégro, le mois dernier, l’intronisation du nouveau métropolite s’est déroulée dans des conditions pour le moins surréalistes, frisant le crêpage de klobouk et de matraque. Pour replacer les faits dans leur contexte, le Monténégro a recouvré son indépendance en 2006, mais les chrétiens orthodoxes, majoritaires, demeurent rattachés à l’Église serbe. À l’exception d’une poignée d’irréductibles se réclamant de l’Église orthodoxe monténégrine, qui a perdu son autonomie lors de l’annexion du pays par la Serbie… en 1918. Et pour ces passéistes monténégrins, il était hors de question de laisser le nouveau chef de l’Église serbe au Monténégro, le métropolite Joanikije, monter sur le trône de Saint-Pierre de Cetinje, symbole de l’indépendance nationale de surcroît. Barricades, charges de police et nuées de gaz lacrymogène… La capitale historique du Monténégro s’est retrouvée en état de siège le week-end de l’intronisation. Le président Milo Djukanovic, ancien maître tout-puissant en perte de pouvoir depuis les dernières élections et en guerre avec l’Église serbe depuis 2019, a tout fait pour reprendre la main, quitte à attiser les braises d’une guerre confessionnelle aux relents de bras de fer politique. Le nouveau métropolite est finalement arrivé en hélicoptère, photos postées sur Instagram à l’appui, et a été sacré comme prévu. Une apparition vrombissante, aux antipodes de l’impénétrable. Comme le pointait très finement un journaliste de La Libre Belgique le 7 septembre dernier, « c’était oublier que les voies du Seigneur peuvent parfois emprunter les pales d’un hélicoptère ». (ad)
Quoi?!