En 2012, constat était dressé qu’aucun organisme ou évènement ne permettait aux jeunes laïques, libres penseurs, humanistes, athées ou encore sécularistes de se rassembler ou de construire un réseau solide. Les European Humanist Youth Days étaient nés.
Suite au constat posé par Jakobus Monteyne, 26 ans à l’époque, soit le plus jeune vice-président de deMens.nu et moi-même, l’idée de créer un évènement à dimension européenne pour les jeunes humanistes n’a pas tardé à se concrétiser. En quelques semaines, la communauté laïque s’est mobilisée et plus d’une centaine de jeunes laïques venus de partout en Europe se sont donc rencontrés à Bruxelles en août 2013 pour les premières «Journées de la jeunesse humaniste européenne». Des conférences, workshops mais également des visites de Bruxelles et autres moments de détente ont permis à ces jeunes de tout horizon d’apprendre à se connaître et de tisser ces liens d’amitié, ô combien importants pour l’avenir de la famille laïque européenne. Des intervenants brillants tels que Sophie In t’ Veld, l’europarlementaire la plus engagée au niveau de la séparation entre l’Église et l’état, Matthew Taylor, ancien conseiller politique de Tonny Blair, mais également l’auteur célèbre Philip Blom et le plus grand spécialiste de la médecine régénérative Aubre de Grey ont permis aux jeunes de réfléchir sur des thèmes importants pour la laïcité.
Il est plus simple de signer une pétition en ligne, de «liker» une campagne de sensibilisation sur Facebook ou de tweeter sur une situation dictatoriale que de monter une action symbolique, de manifester ou de se faire membre d’une association.
Prémices
Dès le départ, deMens.nu et les établissements d’assistance morale néerlandophones (Instellingen voor Morele Dienstverlening) ont débloqué les fonds nécessaires pour que cet évènement puisse voir le jour. La VUB et l’ULB ont suivi en prêtant des locaux et du matériel. La Ville de Bruxelles, grâce à son bourgmestre de l’époque Freddy Thielemans, a mis à disposition l’hôtel de ville pour les cérémonies de clôture. Bozar a même insisté pour en faire de même avec ses infrastructures. Le Centre d’Action Laïque a également prêté main forte, conjointement à la Fédération Humaniste Européenne, avec un soutien logistique et la constitution d’un fonds d’intervention pour les frais de déplacement des jeunes humanistes venant de pays où la laïcité n’est pas reconnue ou pour qui ces frais constituent une barrière. Sans tous ces sponsors, il est clair que l’évènement n’aurait jamais pu voir le jour; leur confiance et leur soutien ont été salutaires. L’International Humanist and Ethical Youth Union (IHEYO), la section «jeunes» de l’International Humanist and Ethical Union (IHEU), a également encouragé l’initiative.
Sur les traces de Zola
La première édition des European Humanist Youth Days s’est terminée par une action symbolique de sensibilisation de l’opinion publique: était demandé aux jeunes d’écrire sur une pancarte un message dans l’idée du J’accuse d’Émile Zola, l’idée étant de mettre en exergue des problèmes laïques, humanistes ou liés à la séparation des Églises et de l’État dans les pays d’origine respectifs des jeunes. De problèmes tels que l’interdiction de l’avortement, la protection des pédophiles au sein de l’Église, l’interdiction de l’euthanasie pour les personnes qui souffrent inutilement ont ainsi été montrés de façon symbolique aux passants sur la place de la Monnaie, lors d’un freeze protest d’une minute avant la dispersion des jeunes activistes (1). L’endroit ne fut pas choisi par hasard mais bien en référence à une révolution bien connue des Belges (puisque c’est à la suite d’une représentation de La Muette de Portici au Théâtre de la Monnaie qu’éclatèrent des troubles qui allaient, quelques semaines plus tard, conduire à la Révolution belge de 1830, NDLR).
La jeunesse comme leitmotiv
Le monde est en mutation permanente. Les mouvements associatifs en général ne sont pas épargnés par ces changements. Aujourd’hui et de plus en plus, les jeunes glissent d’un engagement actif au sein de mouvements de jeunesse et d’étudiants –tels que, par exemple, le Cercle du libre examen l’ULB– vers un engagement plus digitalisé. Il est plus simple de signer une pétition en ligne, de «liker» une campagne de sensibilisation sur Facebook ou de tweeter sur une situation dictatoriale que de monter une action symbolique, de manifester ou de se faire membre d’une association. Beaucoup de mouvements tels que le mouvement laïque, les services clubs (Rotary, Lions…) ou encore les associations politiquement engagées ont de plus en plus de mal à recruter des jeunes. Il est vital que les communautés d’engagement se recentrent sur la jeunesse. La plupart des membres actifs dans le monde laïque dépassent largement l’âge de la sagesse et, dans certaines organisations, approchent doucement de l’âge de la pension. Le problème est que si l’on ne se concentre pas pour attirer du «sang frais», ces mouvements sont voués à disparaître ou à perdre en importance et efficacité. Les laïques, libres penseurs et humanistes néerlandophones l’ont compris et l’ont traduit en une politique très active de mise en exergue de la jeunesse laïque en plus de la pléiade d’organisations étudiantes laïques déjà existantes. Les European Humanist Youth Days atteignent cet objectif au niveau européen et sont indispensables pour garantir l’avenir de la famille des humanistes, laïques, athées et libres penseurs.
La deuxième édition des Journées de la jeunesse humaniste européenne devrait avoir lieu, en collaboration avec l’Humanistisch Verbond, en août 2015 à l’UVH (Universiteit voor Humanistiek) d’Utrecht, bastion de l’humanisme universitaire.
(1) Belga, «Une centaine de jeunes humanistes mènent une action sur la place de la Monnaie», mis en ligne le 4 août 2013, sur www.lavenir.net.