Alors qu’une personne rationnelle pourrait se dire que, une fois décédée, ce qui lui arrive n’a plus vraiment d’importance, la question du statut juridique des restes humains demeure cependant d’une grande actualité, ainsi qu’en témoigne l’ouvrage Droit et crémation. Publié sous la direction de Marc Mayer et de Bruno Py, à qui l’on devait déjà Éthique et crémation. Réflexions sur une liberté éclairée (Presses universitaires de Nancy, 2015), cet ouvrage est le fruit d’un colloque du 27 octobre 2017. Sa parution tombe à pic, car le débat sur de nouvelles techniques de sépulture qui pourraient être réservées aux restes humains est aujourd’hui clairement sur la table de nos responsables politiques. Le plus bel exemple à cet égard reste l’ordonnance de la Région de Bruxelles-Capitale sur les funérailles et les sépultures du 29 novembre 2018. Son article 18 laisse explicitement carte blanche au gouvernement régional bruxellois pour, outre les méthodes classiques d’inhumation et de crémation, « autoriser d’autres modes de sépulture, actuellement non prévus par la législation. Il pourrait notamment s’agir de l’humusation [processus contrôlé de transformation des corps humains en humus, NDLR] ou de l’aquamation (hydrolyse alcaline) ». Enfin, en proposant la question à des regards différenciés par pays comme par disciplines, Droit et crémation encourage à une réflexion plus large qui est bien nécessaire sur un thème qui nous concerne tous. Le chapitre sur « Le statut ontologique du cadavre chez l’animal » se révèle à cet égard d’une lecture particulièrement intéressante, car ouvrant un débat inattendu. (bvdm)
Des idées et des mots