Espace de libertés | Avril 2021 (n° 498)

Quoi?!

« J’passerai pas à la radio, parce que mes mots sont pas très beaux », chante Angèle sur les ondes. Sur celles de la BBC, Arthur Barker a le droit de passer avec ses compositions pour piano, mais pas Annabel Bennett. Pas que ses morceaux soient moins beaux, moins touchants, moins en adéquation avec la programmation musicale de Radio 4 puisque ce sont… les mêmes ! La seule différence est qu’ils ont été présentés par une Annabel Bennett ayant adopté un pseudonyme masculin. Soudainement, 35 titres d’Arthur Barker ont été diffusés ! Et c’est bien parce qu’elle est une femme que les propositions de la compositrice n’étaient pas prises en considération : « J’ai passé plusieurs mois à soumettre mon travail à la BBC sous mon propre nom sans succès », a-t-elle expliqué au Times. « Mais dès que je l’ai envoyé en tant qu’homme, je me suis fait remarquer. » La BBC a brandi le mérite comme seul et unique argument de sélection. Il suffit pourtant de tendre l’oreille et de lire les conclusions du rapport Gender Inequality Index publié en août dernier : dans le top 100 anglais, moins d’un morceau sur cinq est interprété par une femme. Elle est longue, la liste des femmes artistes qui ont dû se travestir ou adopter un nom d’homme pour être entendues… et écoutées. (ad)