Depuis quelques jours, les festivités se sont emparées ici et là de Berlin. Quoi de neuf, me direz-vous ? La capitale « à l’esprit punk » est réputée depuis longtemps pour sa dynamique festive. Certes, mais les 30 ans de la chute d’un mur, cela se fête !
D’autant plus lorsque cette satanée tendance à en construire de nouveaux refait furieusement surface. Qui a dit « Plus jamais ça » ? La chute du mur de Berlin, pour celles et ceux qui l’ont vécu, c’était l’impensable. Une nouvelle ère, installée après une effroyable guerre, dont on n’imaginait pas la fin. Un monde figé autour de deux dogmes monolithiques. Et pourtant, il aura « suffi » de quelques coups de pioche pour changer le cours de l’histoire. Et c’est précisément ce que nous pouvons espérer aujourd’hui : des coups de pioche là où s’installe – ostentatoirement par des murs, mais plus insidieusement dans les esprits – le rejet de l’autre, la fermeture à la différence… la peur. Organisée et instrumentalisée.
La multiplication des autocrates aux manettes de différents gouvernements de la planète et les relents de peste brune débordent tristement au-delà des seules sphères décisionnelles. Ces mauvais exemples s’imprègnent chaque fois plus chez certains citoyens qui se sentent investis d’une mission de « purification ethnique », en se basant sur les discours répétés de risque de « grand remplacement » de leur propre culture par celles des immigrés. Alors, certains sortent kalachnikov à la main, comme dans un jeu vidéo, pour éliminer ceux-là mêmes que leurs dirigeants accusent à tour de bras de tous les maux. Nouvelle-Zélande, États-Unis, Norvège, who’s next ? D’autres se sentent pousser une verve qui se déverse par flots de haine sur des réseaux sociaux, réceptacle médiatique et malodorant d’une pensée, d’un mépris de l’autre et de sa vie, qui se répand sans vergogne. Mon président le fait bien, pourquoi pas moi ? !
À quand un #balancetonmur ? Ces fameux coups de pioches, nous en avons drastiquement besoin aujourd’hui, plus que jamais. À Rio, Washington, Budapest, Rome, Vienne, et espérons-le, peut-être pas Bruxelles ? Alors, piochons nos murs et cultivons nos jardins communs, à la lueur du flambeau.