Fermé depuis 1983 pour raison de sécurité, le cinéma bruxellois Variétés rouvrira ses portes d’ici 2021. Son nouveau propriétaire? Bruxelles Laïque, l’association organisatrice du Festival des Libertés. Les explications de son directeur, Fabrice Van Reymenant.
Après le Pathé Palace, un autre bâtiment culturel mythique à l’abandon va renaître de ses cendres : le Variétés, érigé en 1937 et fermé depuis 1983, vient d’être acquis par Bruxelles Laïque qui organise le Festival des Libertés depuis 1993. Huit ans auront été nécessaires pour voir l’achat se conclure. « Il a fallu du temps pour monter le financement », explique Fabrice Van Reymenant, directeur de l’ASBL. « C’est un travail en collaboration avec la Ville de Bruxelles. Pendant des années, il était question que le lieu soit acquis par la Ville avec un bail emphytéotique. Puis nous sommes entrés en contact avec la Communauté française pour une acquisition directe. Nous avons aussi fait une étude historique et une autre, acoustique. » L’idée étant en effet de reconstruire une salle polyvalente pouvant accueillir toutes formes d’expressions artistiques, mais aussi de nouveaux espaces de création. « Le bâtiment, classé, est assez ancien et inoccupé depuis plus de trente ans. Il nous fallait aussi l’accord des Monuments et sites. Il ne peut servir qu’à des fins culturelles. Notre proposition leur a plu. Il a heureusement déjà été assaini dans les années 2000, quand il a été classé. Ce qui a stoppé le processus de délabrement. » L’ouverture ne se fera par contre, une fois toutes les procédures administratives et les travaux réalisés… pas avant fin 2020, voire 2021 ! « Ce qui nous laisse le temps d’affiner ce que nous y ferons. »
Le festival pour fil rouge
L’ASBL est en charge de l’organisation du Festival des Libertés, on imagine aisément que celui-ci y tiendra une place de choix. Mais ce n’est pas tout… « L’optique est de mettre en place une programmation annuelle teintée de l’esprit du Festival : un esprit de rencontre de pratiques artistiques, associatives et académiques sur des questions de droits et de libertés ; on ne va pas faire un festival toute l’année, mais proposer des activités qui sensibiliseront aux droits et libertés par la culture. Le festival sera un fil rouge dans sa démarche. On maintient l’idée, notamment en collaboration avec le Théâtre national, avec qui nous développons des synergies, de conserver un rendez-vous annuel majeur. »
Du côté de la programmation proprement dite, il est par contre prématuré de vouloir déjà soulever le rideau. « Différents scénarios sont envisageables. Quand on voit notre niveau d’activités actuel, on se dit qu’on remplira les salles assez vite. Lors du festival, on montre par exemple certains films et pièces une seule fois. On pourra à l’avenir en multiplier les séances. Ce qui fera déjà une centaine de jours d’occupation. Mais on ne se contentera pas de ces projections et représentations ces jours-là. On y transférera aussi bien le Festival que nos cours d’alphabétisation par exemple. On souhaite aussi louer l’espace à d’autres initiatives et événements mus par la même éthique. Il y a à Bruxelles, un manque de salles criant en termes de disponibilité et de capacité. »
Décloisonnement
À l’heure actuelle, le lieu ne possède qu’une grande salle, avec une scène mobile et un toit ouvrant – qui n’a été ouvert et fermé qu’une fois dans toute son histoire ! À l’avenir, il proposera plus d’espaces. « Nous avons voulu construire une sorte de boîte dans la boîte. Nous aurons une salle principale polyvalente (assis-debout) pouvant accueillir de 400 à 1 100 personnes – une bonne jauge entre le Botanique et l’Ancienne Belgique – et une autre salle de 200 personnes, plutôt à destination de séances de cinéma et de conférences. Mais aussi des espaces de rencontre et de création. Sans oublier un espace réservé à des activités extérieures sur le toit. » Cette division de l’espace va de pair avec un décloisonnement des disciplines et des secteurs avec lesquels l’ASBL collabore. « L’idée est de créer une sorte de laboratoire qui réunira tous ces acteurs pour donner lieu à des représentations artistiques, à la mise sur pied de dossiers… Tout ce qui en sortira ne nous appartiendra pas, mais on sera là pour les aider à rendre leurs travaux publics et accessibles. On ouvrira nos portes à des expressions associatives qui jusqu’ici souffrent parfois d’une certaine confidentialité. » Une bonne nouvelle donc pour l’activité culturelle bruxelloise. Reste plus, maintenant, qu’à être (un peu) patient.e.s !