Notre monde a été largement façonné par des siècles de colonisation ainsi que par les mouvements de décolonisation menés dans la seconde moitié du XXe siècle. On ne peut raisonnablement faire l’économie de cette histoire pour le cerner dans ses réalités politiques, économiques et culturelles actuelles. Si, en Belgique, la période coloniale a pris fin en 1960, beaucoup de personnes en ressentent encore aujourd’hui les effets. Bien qu’un processus de décolonisation soit historiquement achevé, il est loin d’être accompli dans les mentalités. La prégnance des stéréotypes et des clichés de l’époque coloniale au sein de la population est malheureusement encore patente. Un héritage palpable au quotidien ! Le présent ouvrage apporte une contribution intéressante aux débats. Il constitue le prolongement de la réflexion d’une dizaine de participants, non spécialistes, à un atelier organisé sur l’ » Actualité de la (dé)colonisation » en 2016 par plusieurs associations liégeoises. Il entend exposer l’expérience de pensée déroulée par ce groupe au fil de ses quatre séances. De nombreuses questions y sont abordées, notamment l’imprégnation de nos représentations par une histoire dont nous n’avons pour la plupart pas été acteurs et qui nous fut d’abord transmise, largement imprégnée de propagande et dont les certitudes se sont lézardées au fil du temps, confrontées à de plus en plus d’écrits les remettant en cause. Mais force est de constater que ce n’est qu’aujourd’hui qu’on parvient à jeter un regard réellement critique sur notre passé colonial. Savoir qui dit l’histoire est donc crucial. Au-delà de la promotion actuelle d’une version de l’histoire décrivant le plus fidèlement les processus de colonisation et de décolonisation, faire place aux historiens émanant des pays colonisés, à d’autres récits, est donc devenu plus que jamais essentiel.
Des idées et des mots