Espace de libertés – Janvier 2016

Pop UP se plie en quatre depuis cinq ans


Arts
Née pour mettre la culture à portée des publics populaires, l’ASBL Pop UP Virus culturel a surtout multiplié les initiatives dans le cadre de Mons 2015. Et espère lui survivre bien au-delà, histoire de continuer à rendre visibles tous les «invisibles» de la culture.

«Notre association se décline sous deux noms», explique d’emblée l’un de ses cofondateurs et son actuel président Vincent Dufoing (1). «Pop Up correspond, pour nous, au collage des termes “populaire” et “up”, qui signifie “montant”. Bref, nous militons pour la montée et la prise en compte d’une culture à destination des publics populaires.» Mais la raison de vivre de Pop UP saute encore mieux aux yeux quand on découvre son autre appellation, «Virus culturel». «Là, c’est encore plus clair», poursuit notre interlocuteur. «Notre objectif consiste donc à répandre le virus de la culture populaire.» Bref, bien loin d’une enseigne de grande distribution de «produits culturels» qui se targuait d’être «un agitateur d’idées», mais n’agite finalement plus grand-chose d’autre que du mainstream et l’eau des machines à café qu’elle vient de mettre en rayon, Pop UP, elle, agite et agit à la base.

Une plateforme alter-culturelle, participative et contagieuse

Dufoing confirme: «La plateforme a été créée par des associations et des artistes actifs dans la culture et l’éducation populaire… Associations et artistes qui partagent les valeurs d’égalité, de solidarité et de démocratie. Ils utilisent, avec leurs publics notamment populaires, des méthodes d’émergence et de participation. Et estiment que la culture populaire ne dispose pas, à Mons, dans le Borinage et dans la région du Centre, d’une porte d’entrée institutionnelle, légitime et reconnue qui les prenne en considération.» Concrètement, il s’agit d’offrir une meilleure visibilité à ceux que l’association appelle les «invisibles» de la culture. Pop UP est donc issue de la volonté de faire reconnaître et permettre l’existence de formes d’expression culturelle en résistance face à l’uniformisation et à la marchandisation de la production culturelle.

Cette plateforme associative remonte en fait à 2011, où elle a été initiée en prévision de Mons 2015, capitale culturelle européenne. «Mons 2015 nous paraissait un peu trop élitiste à la base, poursuit Vincent Dufoing. Modestement, nous voulons croire que nous avons contribué à élargir les couches sociales qui ont finalement participé à ces festivités. Mais nous ne souhaitons bien entendu pas fermer nos portes maintenant que Mons 2015 est terminé. En résumé, nous avons mis sur pied un réseau d’artistes qui peuvent se produire devant un public n’ayant, le plus souvent, pas trop accès à la culture. Et, de toute façon, pas à une culture hors des sentiers rebattus du mainstream. Ces artistes et leur public partagent une même vision des choses, selon laquelle la culture n’est pas un bien de consommation mais un moteur d’émancipation.» Concrètement, en 2015 par exemple, se sont tenus des expositions de photos («Tensions» et «Ghost Town», notamment), un salon du dessin, des jam-sessions, ou encore une nuit du jazz. Du 20 au 22 novembre, Pop UP a posé ses valises sur le débarcadère en proposant un ultime point d’arrêt à la Maison Folie, haut lieu culturel montois.

Après Mons 2015

Mais si Pop UP s’apprête à souffler ses cinq bougies cette année, on espère surtout que le soufflé ne retombera pas. «Le plus dur, maintenant, sera de continuer avec moins de moyens. Nous avons été bien subsidiés en tant que participants à la manifestation qui faisait un peu office de navire-amiral. En cinq ans d’existence, près de 60 artistes sont passés par chez nous afin de tenter de devenir plus “visibles”. Côté public, chacune de nos manifestations a attiré du monde. Voilà bien la preuve que quand on lui propose des choses qui sortent des sentiers battus, mais de qualité, le public, même s’il n’est pas un habitué des grandes manifestations culturelles, se déplace.» En souhaitant que Pop UP puisse continuer à lui proposer des initiatives mettant la culture à hauteur d’homme dans les années qui viennent. Sans quoi une organisation du calibre de Mons 2015, si elle n’essaime pas à l’avenir, aura surtout tenu de l’événement sans lendemain, version Kleenex… dans lequel on se vide de ses virus. Tout est dans tout, finalement!

 


(1) Il est également directeur de Picardie Laïque.