Espace de libertés – Décembre 2014

Une trentaine de jeunes des Izards en visite au Musée juif


Droit de suite

« On est fier d’être venus. On a des différences au niveau religieux mais on a deux bras et deux jambes, il y a des bons et des mauvais partout et il ne faut pas mettre tout le monde dans le même sac. Je suis er de ces jeunes, dans ce moment émouvant. On en a marre d’entendre dire que parce qu’on vient des Izards, on ressemble à celui qui a marqué l’actualité, il y a deux ans. Non, nous sommes Français et heureux de l’être. » Tel était le ressenti, à la sortie de leur visite du Musée juif, des 35 jeunes du quartier des Izards, tristement mis en lumière à l’occasion des tueries de Mohammed Merah –originaire du même coin– en 2012, qui avait fait sept victimes à Toulouse et Montauban.

« Cette visite est particulière », explique pour sa part Jonathan Delathouwer, président de l’Union des étudiants juifs de Belgique, « parce qu’il s’agit avant tout d’un vrai moment de partage. Le rôle de ce musée est de présenter une culture, de s’ouvrir aux autres; et ces jeunes musulmans, marqués par ce qui s’est passé en ce lieu deux ans après les meurtres commis par Merah, ont souhaité venir ici. J’y vois un magni que symbole. J’espère qu’à notre tour, nous pourrons leur rendre visite, à Toulouse, pour partager un moment, un repas. On entend trop souvent de propos imbéciles; on stigmatise sans arrêt l’une ou l’autre communauté. Or, seul le dialogue permet la compréhension, la connaissance mutuelle. »

Cette visite était souhaitée par les jeunes Toulousains amateurs de foot, dans le cadre d’une invitation faite par le député européen français, José Bové. « On leur a aussi organisé un match qui a eu lieu mardi, arbitré par Daniel Cohn-Bendit. Même si cette visite représente en soi un petit geste, il est ô combien symbolique. Je pense que ce matin, on a cassé des barrières. La conclusion qu’ils retiendront, c’est que nous sommes tous frères. Il faut faire tomber les murs et bâtir les ponts. » Pour les jeunes visiteurs, c’était souvent un premier contact. « On avait eu des informations sur les Juifs à l’école mais recevoir les explications du guide (Norbert Cigé, NDLR), appréhender de près cette culture avec ses symboles, ses rituels, l’hébreu, c’était passionnant »

Jean Bernard,
avec l’aimable autorisation de La Dernière Heure