Après la publication de la tribune sur le « droit d’importuner » dans Le Monde, mi-janvier, les mots se bousculent face aux débats et aux positionnements de certain.e.s: est-ce de la stupidité ou de l’indécence? Pour le moins, les personnes qui poussent aux amalgames entre faits violents et dragouilles ne savent pas de quoi elles parlent! Elles n’ont jamais senti la violence frapper leur chair ou leur esprit. Elles n’ont pas perdu des occasions d’emplois ou de postes à responsabilités – peut-être parce que le droit d’être importunée faisait partie de leur modus vivendi? Quel outrage pour toutes celles qui ont dû passer par ces abus de pouvoirs et autres violences!
Et non, ce type de positionnement n’est pas anti-hommes, que du contraire. Demander aux hommes le respect du corps et de l’intégrité de la femme, ce n’est pas de la pudibonderie, c’est une question de limites et d’égalité, qui n’est par ailleurs nécessaire qu’avec ceux qui persistent à ne pas vouloir comprendre. Non, il ne s’agit pas de brider les rapports entre les sexes, de tout réglementer, sous-peser, encadrer. Et encore, non, les femmes ne sont pas de « petites choses » à préserver et à infantiliser.
Mais celles qui ont eu l’audace de pousser les portes d’un commissariat pour porter plainte, celles qui ont eu le courage de soutenir leur plainte jusqu’au bout le savent: c’est un parcours de combattantes où les embûches sont plus nombreuses que les aides disponibles. Et non encore, ce n’est pas un problème culturel, comme on l’a aussi entendu. Machisme et abus de positions patriarcales se nichent partout et c’est à la société dans son ensemble, au sein des familles, des écoles, de la justice, des entreprises, de les réfuter. Car cela ne permet pas un fonctionnement harmonieux et constructif de notre société. On ne peut pas défendre le droit à la liberté d’expression, le droit à la différence, porter haut les droits fondamentaux, sans défendre le droit des femmes à ne pas subir des violences, quelles qu’elles soient. Soyons honnêtes, c’est une question de décence. Cette tribune a certes le droit d’exister et d’aller à contre-courant de la parole libérée. Liberté d’expression oblige. Mais elle manque d’intelligence et de pertinence. Elle s’est engouffrée tout droit dans des tactiques classiques qui ont existé de tout temps lorsque les changements sociétaux sont en marche. La réponse la plus juteuse face à cette tribune anti #metoo et ironique envers une Suède accusée d’imposer « un consentement explicitement notifié à tout candidat à un rapport sexuel! », fut la réaction de la ministre suédoise de la Culture et de la Démocratie: « Non, c’est pas vrai! C’est une blague? »