Comment mettre les religions au service « du bien-être social de la population » sans renoncer au principe de laïcité? Les Français se posent cette question avec une profonde perplexité. Fondapol, un think tank d’inspiration libérale aborde ce sujet dans un rapport récent (1). Pour Thierry Rambaud, professeur de droit public à la Sorbonne, l’État devrait faire montre de souplesse et nouer des contacts réguliers avec les cultes. Il suggère donc d’institutionnaliser les relations entre l’État et les cultes représentatifs en fonction de critères objectifs. Le professeur Rambaud se défend toutefois de vouloir revenir au « gallicanisme napoléonien ». Aborder publiquement cette question n’est pas courant en France mais le sujet n’y est pas totalement tabou. À travers tout l’Hexagone, les administrations locales ont en effet engagé depuis belle lurette des relations plus ou moins régulières avec les communautés convictionnelles en présence. À Lyon, par exemple, ville du ministre de l’intérieur Gérard Collomb, les représentants locaux des religions se rencontrent régulièrement sous l’égide de la municipalité. Dans trois départements de métropole (Haut et Bas-Rhin, Moselle) repris à l’Allemagne en 1919, ainsi que de nombreux départements et territoire d’outre-mer, les sacro-saintes règles de la séparation instaurées par la fameuse loi de 1905 ne sont tout simplement pas d’application. Sans le dire, c’est en somme le modèle belge qui est peut-être en train de faire doucement son petit bonhomme de chemin dans les têtes de nos voisins et amis. (jph)
(1) Thierry Rambaud, « Gouverner le religieux dans un État laïque », mis en ligne sur www.fondapol.org, le 8 janvier 2018.