Espace de libertés – Février 2018

C’est une bien curieuse tradition que celle de la commémoration de l’exécution de Louis XVI. Depuis la Restauration (1815), tous les 21 janvier, les messes se multiplient en effet dans toute la France. Des offices qui sont autant de lieux de rendez-vous pour les nostalgiques de l’Ancien Régime. Des moins obtuses aux plus réactionnaires, toutes les tendances royalistes se font en effet un devoir sacré de commémorer le régicide, perçu comme le péché originel de la République française. Cette commémoration se déroule également en Belgique où, cette année, deux messes ont eu lieu, l’une dans la cathédrale de Tournai et l’autre à Watermael-Boisfort. Cette dernière a été célébrée par un prélat français, Mgr Gilles Wach, supérieur de l’Institut du Christ-Roi Souverain, prêtre qui possède des ramifications aux États-Unis et dans divers pays d’Europe, ainsi qu’au Gabon. En Belgique cette « société de vie apostolique de droit pontifical » pratique évidemment le rite tridentin – pour faire court: la « messe en latin » préconciliaire – et surtout dirige une école huppée située à Etterbeek, la Brussels International Catholic School. À première vue, l’on pourrait croire que les messes d’hommage à Louis XVI sont un anachronisme gentiment folklorique. À y regarder de plus près, cependant, la vision du monde distillée par Mr Wach a de quoi laisser pantois. Pour lui, c’est simple: c’est à la Révolution française que l’on doit « la quasi-totalité des maux qui assombrissent le contexte religieux, culturel et social dans lequel nous évoluons aujourd’hui ». Selon un fidèle interrogé par la RTBF à la sortie de la messe, « le pouvoir ne peut venir d’en bas, il doit venir de Dieu, c’est d’ailleurs écrit dans la Bible »… Tout un programme. (jph)