Les 23 et 24 mars derniers, la France a connu deux événements particulièrement brutaux et révoltants. Le 23 en fin d’après-midi à Paris, le corps de Mireille Knoll, 85 ans, rescapée de la Shoah, était retrouvé à moitié carbonisé et lardé de coups de couteau. Le lendemain matin, le lieutenant-colonel de gendarmerie Arnaud Beltrame était assassiné par un forcené dans l’attaque d’un supermarché. Y a-t-il un point commun entre ces meurtres? Si le second a été commis par un individu se réclamant clairement de Daesh, le doute est encore de mise à propos des motivations des auteurs du premier, même si le parquet a immédiatement retenu le caractère antisémite de cet assassinat ignoble qui rappelle l’affaire Sarah Halimi d’avril 2017. Quant au geste héroïque du lieutenant-colonel Beltrame, il a donné lieu à d’émouvantes cérémonies et de très nombreux témoignages de gratitude dans la population. Mais il a aussi connu son lot de récupérations déplacées. C’est ainsi que l’Église catholique de France a immédiatement multiplié les sorties tonitruantes sur le fait qu’Arnaud Beltrame était un catholique fervent et n’a pas hésité pas à mettre au crédit de ses seules convictions religieuses les raisons de son geste. Au même moment, la Grande Loge de France dévoilait la qualité de franc-maçon de l’officier. S’en est suivi un consternant duel d’affirmations qui a vu les partisans de l’une et de l’autre organisation revendiquer l’appartenance d’Arnaud Beltrame à leurs rangs. L’Église affirmant que Beltrame avait quitté la franc-maçonnerie, la Grande Loge excipant le fait que le même s’était encore rendu dans sa loge quelques semaines plus tôt et était à jour de cotisation…
Quoi?!