Espace de libertés – Mai 2015

La lutte contre les grands fléaux en matière de santé


Dossier
Les Objectifs du millénaire pour le développement comprennent évidemment un volet de la plus grande importance en ce qui concerne la lutte contre une série de maladies dont le poids pour les pays en développement reste particulièrement lourd en ce début de XXIe siècle.

Certaines maladies, à l’instar du VIH/sida et de la tuberculose, touchent la plupart des pays de la planète, mais pèsent d’un poids infiniment plus lourd sur les pays les plus pauvres, tandis que d’autres, comme la malaria, concernent en pratique quasi exclusivement le tiers monde. Ces maladies, en plus des drames personnels et familiaux qu’elles provoquent de façon directe, représentent une véritable catastrophe sociale et économique pour les pays concernés.

Ces maladies représentent une véritable catastrophe sociale et économique pour les pays concernés.

Endiguer le VIH/sida

Le sida, maladie due au virus VIH sexuellement transmis, naguère mortelle pour tous ceux qu’elle touchait depuis son apparition au début des années 80, est aujourd’hui devenu une maladie chronique obligeant certes ceux qui, sous nos cieux, en sont atteints, à prendre à vie un traitement antirétroviral, mais qui n’est plus une cause de décès pour l’écrasante majorité d’entre eux. Elle reste par contre un problème majeur de santé publique dans les pays du tiers monde, où le dépistage est moins bien organisé que dans les pays riches et les traitements beaucoup plus difficilement accessibles que chez nous.

Selon Onusida, l’Organisation mondiale de la santé et Unicef, 34 millions de personnes, dont 50% de femmes et 10% d’enfants, vivaient avec le VIH/sida en 2011, 2,5 millions de personnes ont été nouvellement infectées et 1,7 million de personnes (dont 330 000 enfants) en sont décédées cette année-là. On ajoutera qu’en 2013, encore 2,1 millions de personnes ont été infectées par le VIH. Il y a cependant lieu d’être raisonnablement optimiste puisque le nombre de nouvelles infections a diminué de 38% depuis 2001 et même de 58% chez les enfants et que le nombre de morts liées au sida a chuté de 35% depuis 2005.

Mais les habitants de la planète sont loin, une fois infectés, d’être égaux face à la maladie puisqu’en 2013, moins de 13 millions de personnes de par le monde, soit à peine plus du tiers du total des sujets séropositifs, recevaient un traitement antirétroviral. Ceci reflète le fait que sur le total de personnes touchées dans le monde, 23,5 millions vivent en Afrique subsaharienne.

L’OMS agit en collaboration avec les différents pays sur toute une série d’actions concrètes pour arriver à freiner la propagation de la maladie et inverser la tendance actuelle qui voit un nombre de cas constamment en hausse. Son action se situe d’abord au niveau de la prévention, en aidant à changer les comportements pour réduire les risques de contamination, en améliorant l’accès aux outils de prévention, en appuyant les programmes de prévention de la transmission mère-enfant, en veillant à promouvoir un approvisionnement sûr en sang et la prévention de la transmission du VIH dans le cadre des soins, en évaluant les nouvelles techniques de prévention. L’action se joue également au niveau du diagnostic. Il s’agit ici d’élargir l’accès et le recours aux services de conseil et de dépistage du VIH, de façon à ce que chacun puisse connaître son statut sérologique (savoir s’il est porteur ou non du virus). Un troisième volet concerne, lui, la prise en charge et le traitement des personnes déjà séropositives. Il s’agit ici d’élargir l’accès au traitement anti-VIH, pour fournir les meilleurs soins possible aux personnes vivant avec le VIH/sida et à leurs familles, de renforcer les systèmes de santé de façon à ce qu’ils puissent offrir des programmes et des services durables et de qualité et, enfin, d’améliorer les systèmes d’information sur le VIH/sida, ainsi que la surveillance, le suivi, l’évaluation et la recherche opérationnelle.

© Olivier Wiame

L’indispensable lutte contre le paludisme (malaria)

Si cette maladie, dont la forme la plus sévère est provoquée par le plasmodium falciparum, peut paraître moins effrayante à nos yeux, force est de constater que rien que durant l’année 2012, l’OMS relevait la survenue de 207 millions de cas dans le monde, avec un total de 627 000 morts, dont une majorité d’enfants de moins de 5 ans. En moyenne, le paludisme tue un enfant chaque minute. Le risque de contracter la maladie concerne, selon l’OMS, 3,3 milliards de personnes.

Dans la lutte contre le paludisme, l’Organisation recommande pour commencer une mesure préventive assez simple qui est l’utilisation de moustiquaires à imprégnation durable et la pulvérisation d’insecticide à effet rémanent à l’intérieur des habitations. Elle conseille par ailleurs un traitement préventif chez les nourrissons, les enfants et les femmes enceintes, ainsi que l’utilisation de tests de diagnostic et des traitements par des médicaments antipaludiques de qualité garantie. Il convient également d’assurer le suivi de chaque cas de paludisme dans le cadre d’un système de surveillance et d’intensifier la lutte contre la résistance aux médicaments et aux insecticides qui est en train de prendre une ampleur préoccupante.

La lutte contre la tuberculose

La tuberculose, provoquée par un bacille, le mycobacterium tuberculosis, reste un fléau majeur et l’une des infections les plus meurtrières dans les pays pauvres, mais elle n’épargne pas non plus l’Europe.

L’OMS estime à 8,6 millions le nombre de nouveaux cas de tuberculose survenus en 2012 (dont 1,1 million de personnes infectées en même temps par le virus du sida) et à 1,3 million le nombre d’individus (dont 320 000 vivant avec le VIH) morts de la tuberculose. On peut encore préciser que plus de 95% des décès par tuberculose se produisent dans les pays à revenu faible et intermédiaire et que la maladie est l’une des cinq principales causes de décès chez les femmes âgées de 15 à 44 ans.

On peut néanmoins espérer atteindre la cible des Objectifs du millénaire pour le développement consistant à inverser la tendance de l’incidence de la tuberculose pour cette année encore, même s’il faut bien constater que l’incidence ne diminue que très lentement. En outre, toutes les régions, à l’exception de l’Afrique et de l’Europe, sont sur la bonne voie pour atteindre l’objectif que s’est fixé le Partenariat Halte à la tuberculose de réduire la mortalité de 50% pour 2015.

Les six sous-objectifs de ce partenariat, auquel participe activement l’OMS, sont : la poursuite, l’extension et le renforcement des programmes dits DOTS  (stratégie recommandée par l’OMS pour la lutte contre la tuberculose) de qualité ; la lutte contre la co-infection tuberculose-VIH et la tuberculose multirésistante (celle-ci ayant touché près d’un demi-million de personnes dans le monde en 2013) et la réponse aux besoins des populations pauvres et vulnérables ; la contribution au renforcement du système de santé fondé sur les soins de santé primaires ; la formation de tous les agents de santé dans les pays où ceux-ci sont en nombre insuffisant ; des moyens d’action donnés aux patients atteints de tuberculose ainsi qu’aux communautés et enfin, le soutien à la recherche.