Vous n’avez pas pu y échapper: dans les médias, la grande mode, le grand chic, c’est le «pour ou contre». La recette est simple quand elle n’est pas simpliste: vous choisissez un sujet d’actualité cristallisant l’opinion en deux camps distincts et si possible opposés, les «pour» et les «contre». Vous dégottez un représentant de chaque tendance, défendant de préférence une position tranchée sur la problématique. Foin des nuances: c’est blanc contre noir. Est-ce ainsi que les hommes pensent?
Espace de Libertés a déjà dit toute la réticence que lui inspirait cette façon de traiter l’information et les risques subséquents de développer des pensées binaires extrémistes et radicales.
Alors, pourquoi avoir pris le risque de faire la même chose avec un sujet aussi touchy que la liberté d’expression ouverte à ceux qui défendent l’indéfendable? D’abord, parce qu’il nous a semblé que la question de savoir s’il fallait laisser s’exprimer des polémistes dont les déclarations se situent souvent à l’extrême limite de la légalité (voire parfois au-delà) pouvait éventuellement s’accorder d’une certaine bipolarité: on l’invite, ou on ne l’invite pas?
Ensuite, les personnes que nous avons sollicitées pour l’exercice sont connues pour ne pas véhiculer d’idées tranchées mais être dotées d’une capacité d’analyse et de nuance leur permettant de dépasser le piège du «pour ou contre» bête et méchant.
Enfin, nous avons aussi choisi, pour illustrer l’exercice, des personnages particulièrement sulfureux qui suscitent habituellement de nombreuses réactions de rejet dans nos milieux: Tariq Ramadan, Éric Zemmour et Dieudonné M’Bala M’Bala. Histoire de voir si nous pouvons dépasser nos préjugés.
Avons-nous réussi ou loupé l’expérience du «pour ou contre» éclairé? Au lecteur d’en juger… Merci en tout cas à Nicolas Zommerstajn et à Pierre-Arnaud Perrouty de s’y être livrés!