Longtemps considérée comme «le grand réservoir chrétien de l’Occident», l’Espagne se sécularise à toute vitesse. En effet, selon l’Institut national de statistiques, les jeunes désertent en masse les églises. En 2016, à peine 22 % des couples qui se sont mariés sont passés devant Monsieur le Curé. En 2000, les trois-quarts des mariages étaient encore célébrés à l’église mais la chute est constante et spectaculaire. La dictature franquiste (1939-1975) avait freiné, sinon stoppé, le phénomène de sécularisation de la société espagnole mais, aujourd’hui, on constate un phénomène de rattrapage par rapport aux autres pays européens. De plus, la très dure crise économique a probablement accéléré le processus en limitant les capacités d’émancipation des jeunes. «Le vrai sacrement pour les jeunes d’aujourd’hui est le crédit immobilier», ironise un sociologue qui souligne encore que «l’anticléricalisme de la vieille gauche républicaine espagnole est (aujourd’hui) remplacé par une simple indifférence des jeunes envers la religion». Ces dernières années, le nombre d’athées a connu une forte croissance, passant de 13 % en 2000 à 24 % en 2015.