Après des années de tracasseries judiciaires, le célèbre musicien turc Fazil Say a finalement gagné son bras de fer avec la Justice turque. Le pianiste était poursuivi depuis 2013 pour avoir twitté des vers litigieux d’Omar Khayyam. Il est vrai que le poète persan du XIe siècle n’avait pas sa langue en poche et qu’aujourd’hui encore, on se chamaille sur le fait de savoir s’il était un maître soufi suprêmement ésotérique ou bien une sorte d’agnostique avant la lettre. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, il ne s’agit pas que d’une simple querelle d’experts: dans la Turquie d’aujourd’hui, reprendre à son compte (Twitter) des quatrains d’Omar Khayyam peut valoir la prison. Pensez donc: « Vous dites que des flots de vin coulent au paradis. Est-ce que le paradis est une taverne? » Ou encore: « Vous dites qu’il y a au paradis deux houris pour chaque croyant. Est-ce que le paradis est un bordel? » Faut pas rigoler avec ça, comme en attestent les dix mois de prison avec sursis dont le musicien avait écopé en première instance. Une peine confirmée en appel la même année puis annulée par la Cour suprême deux plus tard. Fin de l’histoire: début septembre, un tribunal d’Istanbul a statué définitivement sur cette grave affaire en abandonnant toutes les poursuites contre Fazil Say. Mais peut-être que les cours et tribunaux turcs ont en ce moment bien d’autres chats à fouetter?
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