Espace de libertés – Octobre 2016

L’École (inclusive pour le bonheur) de tous


École
L’École de tous… n’est pas une école. C’est un projet d’enseignement et d’école adapté à la population diversifiée que nous connaissons aujourd’hui en Belgique.

Le projet pédagogique et scolaire est élaboré par un groupe de praticiens de l’école (directeurs, enseignants, éducateurs, inspecteurs) et du secteur extrascolaire. Fondé sur l’intelligence collective, il rassemble les compétences et les expériences d’acteurs venant de parcours professionnels différents, de convictions et de sensibilités différentes. Il ne prétend pas constituer « la » solution. Ses auteurs estiment cependant qu’il est suffisamment mûr, structuré, argumenté pour faire l’objet d’expériences-pilotes en Fédération Wallonie-Bruxelles. À leurs yeux, ce projet n’est pas figé. Il doit se nourrir de l’apport de tous les acteurs de l’enseignement dans des échanges constructifs.

Une réponse concrète aux maux de l’école

Trop de jeunes vivent l’école de manière négative, dans un sentiment d’échec permanent, de résignation ou de révolte.

Les auteurs du projet sont à l’œuvre depuis plusieurs années. Ce travail part de constats, vécus au quotidien à travers leurs pratiques et leurs rencontres. Ils observent, en Fédération Wallonie-Bruxelles, un enseignement contrasté: dans la communauté éducative, des expériences très enthousiasmantes côtoient des vécus d’échec, d’impuissance et de relégation. À côté d’enfants vivant un parcours scolaire motivant et mobilisant leurs capacités et leurs énergies, trop de jeunes vivent l’école de manière négative, dans un sentiment d’échec permanent, de résignation ou de révolte.

Les acteurs de l’école sont en plein questionnement. Malgré les très nombreux efforts accomplis au niveau individuel, ils constatent dans bien des cas l’inefficience du système scolaire et son incapacité à assumer le rôle croissant que la société, consciemment ou inconsciemment, lui confie aujourd’hui. Ceci entraîne une dévalorisation de l’image de soi et peut mener à un surinvestissement professionnel allant jusqu’à l’épuisement ou, au contraire, à un désinvestissement dans une pratique répétitive souvent vécue dans une grande solitude professionnelle.

Ce désarroi est amplifié par un certain nombre de données « objectives » qui dressent un bilan particulièrement lourd de l’enseignement aujourd’hui: résultats médiocres dans les classements internationaux, nombre de jeunes sortant du système scolaire avec un bagage extrêmement réduit, ce qui rend une insertion professionnelle très hypothétique, iniquité du système…

Que ce soit dans le monde des enseignants, des politiques ou des universitaires, cette situation entraîne des interventions soit très violentes dans la critique, soit très militantes et manichéennes dans la promotion de solutions d’ordre pédagogique ou institutionnel. Face à celles-ci, les auteurs du projet préfèrent une attitude plus modeste: quand les choses ne vont pas, il faut faire preuve de créativité, expérimenter avec modestie de nouvelles voies, charpentées par des principes clairs et argumentés, et soumettre celles-ci au crible de l’évaluation pour en dégager les meilleures pratiques.

La diversité, un atout pédagogique

Le projet englobe tous les aspects de l’école. Il s’inscrit dans le principe de l’école inclusive et veut faire de la diversité des enfants un atout pédagogique. Il repose sur un tronc commun de la 1re primaire à la 4e secondaire, offrant une formation générale, polytechnique, sportive, artistique et culturelle. L’École de tous couvre une plage horaire étendue, de 7 heures à 18 heures, au cours de laquelle les enfants participent à des activités scolaires et parascolaires, ces dernières étant en partie facultatives. Il repose sur un cadre de principes pédagogiques et éducatifs à partir duquel chaque équipe construit ou adapte son projet d’établissement. Il mobilise l’équipe éducative dans une responsabilité solidaire dans la réussite de l’enfant, dans une école du projet, de la pédagogie différenciée, de la pédagogie de la collaboration. Il fait de l’école le lieu de travail de l’équipe éducative (en ce compris pour le travail personnel), le lieu de vie des enfants (pour les activités scolaires et parascolaires) et un lieu de rencontre avec les parents. Enfin, il ancre l’école dans son quartier.

Ce projet a déjà été soumis à de nombreux acteurs venant d’horizons différents. Il n’est pas figé. Il doit se nourrir de l’apport de tous dans une démarche constructive. La mise en place d’expériences pilotes permettra de tester son opérabilité, d’évaluer sa pertinence en termes d’efficacité et d’équité, et d’y apporter les aménagements nécessaires.