Espace de libertés | Septembre 2018 (n° 471)

Coup de pholie

La mondialisation et le dérèglement climatique ne font pas bon ménage ; c’est comme – pour rester dans les métaphores ancillaires – mélanger de l’eau de javel et du sucre : leur commune rencontre tient lieu d’explosif. Ainsi, la pyrale du buis et le moustique tigre ravagent nos contrées, s’y installent, prennent racine, désolant jardiniers, estivants, promeneurs, dormeurs. Sans parler du frelon asiatique et de la fourmi d’Argentine. Mais tout s’arrangera : va y avoir les élections.

Parce que les humains envisagent fort peu les conséquences directes de leurs actions et plus mal encore les effets indirects de causes étrangères, nous sommes sans cesse surpris par une réalité pleine d’aléas délétères ; et quand l’on se rend compte que nous devons combattre, il est trop tard, nous en sommes réduits à livrer de vaines batailles à l’occasion d’une guerre perdue d’avance déjà. Mais tout s’arrangera : va y avoir les élections.

Le morcellement des responsabilités, ça rend peut-être service : chacun se trouve plus spécialisé à sa tâche ; mais c’est aussi l’assurance de ne jamais trouver aucun coupable, puisque ce sera toujours la faute d’autrui. Ajoutez-y que l’on a bien souvent moins de soin de ce qui nous appartient en commun que de ce que l’on a en propre, et vous obtiendrez alors un joli cocktail, plein de victimes, rempli d’inconscients, bourré de bonnes intentions aux résultats catastrophiques. Mais tout s’arrangera : va y avoir les élections.

Ces changements prennent des formes variées ; toutes n’ont pas mauvaise presse comme dans les cas très évidents de la pyrale, qui donne pourtant un splendide papillon, ou du moustique tigre, qui ne donne rien de bon sinon gourmes et insomnies. L’écureuil gris grignote les parts de marché de l’écureuil roux, le raton laveur s’installe à gauche et à droite… Mais qui se méfierait de ces mignonnes petites bêtes ? Qui voudrait les abattre de façon prophylactique ? Même chose pour nos politiques : vous avez entendu le sérieux qui transpirait du discours de celui-ci, le soin que met celui-là à l’exécution de sa tâche, l’investissement considérable de ce dernier dans des causes humanitaires ? C’est comme les écureuils gris ou les ratons laveurs… Mais tout s’arrangera : va y avoir les élections.