Espace de libertés | Septembre 2018 (n° 471)

Le long chemin de la démocratie


Opinion

Dans un contexte de tension mondiale extrême, de banalisation de l’horreur, par le biais d’une information flash, «trash», voire «fake», la démocratie, la mobilisation citoyenne, l’exercice du libre examen ont bien du mal à se frayer un chemin.


C’est pourquoi une fois encore, une fois de plus, le CAL reprend son bâton de païen pour sensibiliser les électeurs, les politiques en place, les candidats qui briguent un siège pour gérer la cité.

Inviter les citoyens à s’informer, à comparer pour se forger une opinion, mobiliser leur esprit critique pour faire un choix et pourquoi pas un bon choix, en pleine conscience et en toute liberté, tel est l’objectif. En déposant son bulletin dans l’urne, en pointant son stylet sur l’écran, l’électeur ne changera pas toujours le monde ou n’infléchira pas le cours de l’histoire, comme il le souhaiterait. Mais en restant chez lui le 14 octobre ou en se rendant à la plage, il risquera l’engourdissement ou le coup de soleil, quoiqu’à cette saison, sous nos latitudes, le risque soit faible… Mais en aucun cas, il ne contribuera à dessiner son avenir et celui de ses contemporains. Alors, comme nous le synthétisions dans le slogan d’une précédente campagne, que j’aie poney ou pas poney ce jour-là, « assez rigolé, allons voter » !

Le moucheron qui compte

Si on peut avoir la douloureuse impression de n’avoir qu’à déclarer forfait face à un moucheron posé dans l’œil de Trump, un antipasti populiste dans la Botte, une directive pondue à Bruxelles, concoctée, ou du moins validée, par les hauts dignitaires de l’ensemble des pays européens, et de nous retrouver spectateurs impuissants ballottés au creux d’une tourmente qu’il semble vain de vouloir affronter, il faut décider de réagir, de jouer collectif, de parier citoyen, de sortir dans la rue avant d’y descendre. La démocratie commence sur le pas de notre porte, dans notre rue, notre quartier, notre commune. Et à ce niveau de proximité, on peut, dans un certain nombre de cas, ressentir les effets de nos engagements. Les élus locaux sont les plus proches interlocuteurs des citoyens. À ce titre, ils doivent pouvoir être facilement interpellés et interrogés sur leur programme, leur action et leur vision du quotidien.

Multiparticipation citoyenne

C’est dans cette logique que le premier chapitre de notre mémorandum vise à encourager la participation et l’engagement citoyen. Un certain désengagement vis-à-vis du monde politique, une perte de confiance par rapport à nos représentants ont pour conséquences un désintérêt vis-à-vis de la chose publique et un repli sur des idées simplistes ennemies des libertés, des visions caricaturales de la réalité et par voie de conséquence, des solutions à mettre en œuvre pour y apporter une réponse.

5471406 08.04.2018 A woman and her child cast their ballot at a voting station in Budapest during the parliamentary election in Hungary. Sputnik

Voter: un devoir citoyen, mais la participation va au-delà de cet acte-là ! © Sputnik/AFP

La perception d’un no futur, la rumeur du « tous pourris » n’incitent pas les citoyens à être actifs, participatifs, créatifs et responsables. Or une démarche humaniste ne peut se concevoir sans l’implication des personnes qui composent la société et donc en stimulant leur intérêt pour la chose publique. Tous les moyens doivent être mis en œuvre pour permettre au plus grand nombre de voter.

La multiculturalité de notre société doit être représentée dans la démarche électorale, le vote des jeunes comme celui des aînés doit être encouragé, être facilité. L’information fournie aux électeurs avant et après les élections doit être claire, accessible au plus grand nombre : publicité des débats des instances élues, assemblées citoyennes, conseils consultatifs thématiques, conseils des jeunes locaux, budgets participatifs… De nombreux outils doivent être mis en œuvre pour permettre l’implication du plus grand nombre dans la gestion de la cité.

Passer la marche avant

Mobilisons-nous pour faire vivre la démocratie, donner du contenu à notre liberté de proximité. Ce qui fait du bien dans son quartier se voit à l’extérieur, c’est l’« effet yaourt » de la démocratie. Ne sombrons pas dans la torpeur électorale des non-votants, des « malvotants ».
N’abandonnons pas notre vote aux seuls élus, mais accompagnons-les pour faire vivre, avec nos représentants, nos légitimes aspirations, nos espoirs de lendemains qui chantent. Faisons preuve de vigilance et d’implication pour ne pas être obligés de parcourir demain le long chemin de la démocratie en marche arrière.