Espace de libertés – Avril 2015

Souvent utilisé à travers et parfois à tort, le concept de «capitalisme» est, en revanche, peu expliqué dans les détails. Une approximation levée par le Musée du capitalisme, initiative belge qui ne demande qu’à s’exporter.


Il y a bien un musée du communisme à Prague, mais aucun musée du capitalisme dans le monde! C’est sur la base de ce constat à géographie variable qu’a finalement été initié, en Belgique et au printemps dernier, le Musée du capitalisme. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le compteur a bien démarré pour cette expo itinérante qui règle ses comptes (mais pas que) au capital tout-puissant: de février à juin dernier, près de 4 000 visiteurs se sont rendus à la Bibliothèque Moretus Plantin de Namur pour assister à la première mouture de l’exhibition. Qui, en version un rien plus réduite, s’est déplacée en août au Festival Esperanzah. Avant de poser ses valises au CPAS de Saint-Gilles (Bruxelles) jusque fin mai 2015.

Quand est né le capitalisme? Existe-t-il sous une ou plusieurs formes? Comment le définir? Voilà quelques questions auxquelles l’exposition tente d’apporter des réponses. Anciens documentaires, textes, photos et animations à l’appui, cette visite livre également quelques dates importantes de l’histoire des grandes avancées des sociétés occidentales. Car le but n’est pas uniquement de vouer le concept de capitalisme aux gémonies, mais bien de faire la part des choses. Entre ses multiples dérives, mais aussi en mentionnant ce qu’il aura pu apporter de salutaire à la société. L’objectif final étant de susciter la réflexion et l’échange. En toute connaissance de cause et sans parti-pris…

Concrètement, le Musée est architecturé en quatre sections: la salle «Origines» propose une définition du capitalisme. Mais aussi, de manière secondaire, du libéralisme, du socialisme et du communisme. Car, selon les initiateurs du projet: «Le système économique de production capitaliste s’est historiquement développé à partir d’une série d’alliances idéologiques entre plusieurs courants.» Cet endroit s’appesantit aussi sur l’histoire des grandes avancées ayant traversé les sociétés occidentales ainsi que sur leurs diverses exploitations. Ensuite, place à la salle «Espoirs», qui dresse utilement le bilan des espérances jadis permises par des sociétés humaines fondées sur le capitalisme. En effet, le système capitaliste a, notamment, favorisé la lutte contre les fléaux et les maladies, la production et la distribution en grande quantité ainsi que l’accès d’une population en pleine croissance à la consommation, la mise en place d’organisations efficaces et productives et l’allégement du labeur quotidien, l’ascension sociale, l’accès à une alimentation variée et en quantité, la mise en place d’une morale plus universelle, sans oublier la fondation d’institutions et d’échanges économiques internationaux. Presque en opposition à l’espace précédent, la salle «Limites» présente, elle, les limitations découlant du capitalisme dans certains domaines. On épinglera notamment les secteurs de la surconsommation, la finance, l’agro-alimentaire, l’environnement, la démocratie, les inégalités et le mal-être. Enfin, l’immersion se termine logiquement par la salle «Alternatives». Où le visiteur se voit exposé à une série d’initiatives lancées en Belgique, et qui apportent des solutions aux problèmes intrinsèques du capitalisme. De plus, il est aussi possible d’y inscrire ses propres initiatives et idées pour la postérité ou, qui sait, pour un destin plus concret. Histoire de donner naissance à des alternatives, quelque part entre simple bon sens et généreuse utopie.

«Nous avons tous entre 25 et 35 ans», nous explique l’un des 14 bénévoles qui forment la cheville ouvrière de l’initiative. «Certains d’entre nous sont actifs dans la culture, d’autres dans le domaine bancaire, d’autres encore sortent de leurs études. Le groupe est très diversifié. C’est vraiment une expérience extraordinaire. Car ce brassage des cultures tente avant tout de conférer plusieurs dimensions au Musée et à son sujet.» Pari réussi avec cette exposition nuancée qui, sans prendre parti, montre les bienfaits du capitalisme ainsi que l’enfer du décor. Bien vu!