«Le micro-crédit pour les pauvres», notamment les femmes, tel est le slogan des institutions de microfinance de ces dix dernières années. Mais le concept de pauvreté étant multidimensionnel, son appréciation change dans le temps et dans l’espace. En ce qui concerne les femmes, on a tendance à oublier que «femme» est d’abord une catégorie plurielle mais aussi, que les inégalités de genre sont toujours ancrées dans de nombreux pays, notamment en Afrique. À travers une étude de cas de femmes chefs de ménage au Rwanda, ce livre démontre les raisons pour lesquelles le micro-crédit est inaccessible à la plupart des femmes pauvres alors que c’est précisément à celles-ci qu’il s’adresse. Étudier un projet générateur de revenus, effectuer les démarches administratives dans une institution financière, etc. nécessite un certain niveau de scolarisation ou d’expérience. Cet ouvrage, qui couronne la thèse de doctorat d’Émeline Uwizeyimana et a été récompensé par le prix Alice Seghers, se veut le premier à étudier le statut des Rwandaises au fil des temps historiques et politiques, dans un pays champion de la parité hommes-femmes depuis plusieurs années déjà. Il propose des données intéressantes et inédites pour ceux qui travaillent sur l’Afrique centrale. Il peut servir d’outil pour lutter contre la pauvreté et orienter une politique «genre et développement». Émeline Uwizeyimana, qui a déjà publié un article dans Espace de Libertés1, est docteure en sciences sociales et politiques de l’ULB, chercheuse au Centre d’études de la coopération internationale et du développement (CECID/ULB) et active dans la rénovation du Musée royal de l’Afrique centrale à Tervuren. (yk)
1 «Les femmes rwandaises dans le contexte du génocide», dans EdL n°427, mars 2014, p. 47.