Espace de libertés – Juin 2016

Un «citoyen» très particulier


Droit de suite

Le «mouvement politique belge Islam», sous couvert de l’ASBL Le Citoyen fondée en octobre 2015, revient à la charge avec un toutes-boîtes de propagande particulièrement gratiné. Dans un texte de trois pages écrit petit, son président, Abdelhay Bakkali Tahiri, se livre à une diatribe particulièrement vigoureuse contre la démocratie. Il a pourtant fait bien attention de se montrer habile et malin, mais malheureusement pour lui, son histoire est cousue de fil blanc. Il se réfère à des «études scientifiques» sans en citer une seule et à un contexte historique plutôt flou pour expliquer l’islamophobie galopante de nos sociétés occidentales. Par exemple, il prend pour point de départ de ce phénomène la chute du Mur de Berlin, sans autre explication. Pourquoi pas la bombe d’Hiroshima ou la kermesse de Bruxelles? Ensuite, il pourfend l’Occident sur la foi que les «chercheurs et historiens» de leur mouvement «ont consacré de nombreuses études critiques aux effusions de sang commises au nom de la religion lors des dissensions entre catholiques et protestants, ou encore au nom de la nation ou de la race durant les Première et Seconde Guerres mondiales». Que les musulmans arabes aient été les premiers à coloniser l’Afrique via Zanzibar (VIIIe siècle) et à en réduire les habitants en esclavage pour un commerce lucratif a dû échapper à leurs «chercheurs et historiens». De même n’ont-ils jamais entendu parler de l’invasion de l’Afrique du Nord par le sanguinaire Abd Allâh Sa’d, de celle de l’Espagne par les Maures, de l’esclavage des Berbères et de la Bataille de Poitiers? Le tract invite la jeunesse à trouver dans le Coran les réponses à trois questions fondamentales dont on appréciera toute la nuance:

  • «Pourquoi dans le monde actuel, le système du pouvoir souhaite-t-il reléguer la pensée islamique à la marge et la confiner à un rôle passif?
  • L’Islam comprendrait-il des pensées et des valeurs qui viendraient contrarier les ambitions des grandes puissances?
  • Quels intérêts dessert la diffusion de représentations erronées au sujet de l’Islam?»

Le reste est à l’avenant et consiste à induire par amalgame des intentions malveillantes pour susciter une réaction de défense communautariste. Nous aussi aurions trois questions à poser: la liberté d’expression peut-elle servir à la combattre? Ce document peut-il être considéré comme une incitation à la haine ou à la radicalisation? Et enfin, qui a financé cette onéreuse campagne de prosélytisme? (yk)