C’est une décision rarissime qu’a rendu, le 12 novembre dernier, le tribunal de première instance de Namur : sur requête unilatérale de la société Mithra Pharmaceuticals, il a ordonné la suspension de la diffusion du premier numéro de Médor sous peine d’astreintes astronomiques. Le pouvoir du business tout-puis- sant avait sans doute pensé pouvoir anéantir toute résistance de part de la presse, il est vrai suspendue à la publicité commerciale pour sa sur- vie. Et voilà qu’un média complète- ment libre, coopératif de surcroît, se croit autorisé à publier une enquête mettant en cause les pratiques d’une entreprise wallonne, à peine entrée en Bourse. Quel outrage !
Nous n’entendons pas ici nous prononcer sur le fond de l’affaire. À l’heure où vous lirez ces lignes, le tribunal aura rendu sa décision.
Reste que nous estimons, par contre, que la procédure, dans sa forme, foule aux pieds la liberté de la presse et bafoue la présomption d’innocence. Espace de Libertés tient à assurer Médor de son soutien en ces heures sombres qui en rappellent d’autres. Il se fait que notre dossier de ce mois-ci est justement consacré à la censure culturelle. Pour la première fois dans notre histoire, le dossier thématique commence à la page 5. Hélas ! (yk)