Espace de libertés – Janvier 2018

Condamné à être plus grand que soi-même


Des idées et des mots

D’où parle-t-on? Et qui s’exprime vraiment quand on ouvre la bouche? C’est peut-être pour tenter de trouver des réponses à ces questions que Daniel Menschaert s’est mis en tête d’écrire ce qui ressemble à s’y méprendre à une autobiographie ou, mieux, à un testament philosophique.

Le parcours de celui qui fut délégué général de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Région wallonne au Maroc, commence à Bruxelles, du côté de la rue Gray et de la place Jourdan. Il connaîtra des stations d’apparence banale comme le Borinage, le Jura suisse, le quartier de Cureghem à Anderlecht, ou encore un petit village ardennais anonyme, pour enfin se déployer au service de l’État, d’abord en Pologne, en Afrique du Nord ensuite.

Mais une autre étape fondatrice fut celle de la franc-maçonnerie. Entré relativement jeune, à l’âge de 32 ans, l’auteur avoue que ses études d’anthropologie à l’ULB lui ont sans doute permis d’en comprendre plus aisément les arcanes.

Dans ce petit livre plein de sagesse et de modestie, Daniel Menschaert jette un regard par-dessus son épaule. Bien qu’il s’en défende, on ne sera pas trop surpris d’y trouver de temps à autre une pointe de nostalgie à l’égard des mondes qui disparaissent dans le chaudron de l’histoire, ainsi – à l’instar sans doute de son modèle Claude Levi-Strauss – qu’un brin de pessimisme quant à notre avenir collectif. Pourtant, pour Daniel Menschaert, tout espoir n’est pas perdu, il y a encore des lieux de rédemption. La loge maçonnique, par exemple, où il est possible d’arrêter le temps pour méditer. Plus loin, il insiste: la pensée maçonnique ferait partie de la « pensée sauvage », dada des anthropologues. Une forme de vision qui tente de réconcilier en une gigantesque synthèse tout ce qui vit, « la beauté d’un monde plein de diversité et la sagesse des peuples ». Rien moins.

Daniel Menschaert dévoile alors son credo personnel, sa transcendance à lui: « celle d’une humanité générale où le moi ne s’oppose plus à l’autre et l’homme au monde. […] Moins de vanité et plus de fraternité ». En voilà une leçon qu’elle est belle.