Espace de libertés – Novembre 2017

Dis p’pa, c’est grave le populisme?


Des idées et des mots

L’objectif de la collection « Dis, c’est quoi? » est simple: sous forme d’un dialogue fictif (et socratique?), expliquer paternellement les tenants et les aboutissants d’un sujet complexe. Intention louable et objectif atteint avec cet opuscule consacré au populisme, signé Henri Deleersnijders, éminent professeur d’histoire et grand spécialiste du sujet. Certes, celui-ci peut sembler un tantinet bateau, tant il est vrai que ces derniers temps il a été rabâché jusqu’à plus soif. Mais, hélas, si le populisme a toujours existé, il connaît ces dernières années une très inquiétante nouvelle vague, des États- Unis à la Turquie, en passant par un nombre grandissant de pays d’Europe. Vincent de Coorebyter le laisse d’ailleurs entendre dans sa préface: le populisme est un sous-produit de la démocratie. S’il prétend faire triompher la « volonté du peuple », c’est pour mieux l’étouffer. Sous couvert d’exalter le peuple, le populisme commence par en retrancher des parties qu’il désigne comme étrangères à la « communauté nationale » et ennemies à abattre. Le populisme est un prédateur qui hypnotise sa proie avant de l’avaler toute crue. Le procédé est archiclassique mais le plus surprenant c’est qu’il semble toujours aussi bien fonctionner. Cependant, le populisme n’est pas l’apanage de la seule droite ni de l’extrême droite. Il est aussi présent à gauche et également au centre où il constitue parfois une tentation irrésistible pour les formations politiques classiques en déclin. N’aurait-on rien appris?