On est contre! Mais nous en avons vingt chez nous. On est contre! En effet, les gesticulations nucléaires d’un énième Basam-Damdu (1) nous inquiètent, surtout quand elles se conjuguent à merveille aux vues boiteuses de son rival pachydermique. On est contre! Quoique nous nous trompons abusivement: les pilotes belges s’entraînent au largage éventuel de ces bombes, raisons pour lesquelles il nous faut substituer un avion capable, le coûteux F-35, à nos vénérables F-16 mille fois bricolés et dotés, eux aussi, de la capacité de frappe atomique.
On est contre! Nous avons même signé pour ça maints traités, moult chartes, blindé de conventions, un nombre astronomique, voire quantique, d’articles et de pétitions, réalisé plusieurs parades pacifistes à intervalles réguliers. On est contre! « On », c’est qui? D’ailleurs, ce monsieur n’est pas propriétaire du sous-sol belge, et puis « faut comprendre », dans la grande économie des forces de l’Alliance atlantique, qu’on « fasse notre part », l’hébergement nous dispense après tout de ruineux efforts alternatifs; de plus, ça nous a déjà protégés contre les Rouges, ça nous protégera donc bien contre les Jaunes. Et même contre Israël, le Pakistan, la Corée du Nord, l’Inde, la Grande-Bretagne, on ne sait jamais vu qu’y z’ont la bombe avec.
On est contre! Certainement, plein de Japonais aussi. Ces derniers, hélas, connaissent également le malheur d’avoir au gouvernement des ministres prêts à changer la Constitution pour se doter de la bombe afin d’effrayer leurs voisins, y en a même des qui y vénèrent Hitler avec ostentation, et dans le même lot Benito et son poteau Franco. On est contre! Oui, oui, Feynman aussi; mais après coup, dommage. Sur le moment, ce génial physicien faisait plein de blagounettes à ses camarades, perdait sa femme à cause d’une grave maladie, forçait des coffres-forts – aussi pour rigoler – et travaillait pourtant d’arrache- pied, contribuant sans conteste à l’une des plus grandes réussites du génie théorico-pratique qu’ait vu l’humanité depuis ses débuts. Tant qu’elle restait sur le papier.
Rien à faire, il fallait que l’être humain se piquât de tester la chose, et même par deux fois. Pour de vrai, de sorte qu’on soit bien sûr. Maintenant, ce brol est sur ou sous notre sol.
(1) Personnage de Blake et Mortimer.