Espace de libertés – Juin 2017

La naissance du Parti communiste de Belgique et la Révolution d’octobre


Droit de suite

Il y a un siècle, les événements qui secouent alors la Russie (révolution de février 1917, chute du régime tsariste et Révolution d’octobre) ont un impact formidable sur le monde entier. En Belgique comme ailleurs, la prise du pouvoir par les bolchéviques à Moscou inquiète certes beaucoup de monde, mais elle en réjouit d’autres parmi ceux qui luttent depuis des décennies pour arracher des droits politiques et sociaux de base et améliorer la très déplorable condition ouvrière. Le Parti Ouvrier Belge (POB), alors massivement dominé par les sociaux-démocrates ralliés au gouvernement dans la politique de guerre, se montre d’emblée très hostile aux communistes russes. Mais en leur sein, une petite frange de socialistes révolutionnaires regarde vers cette « grande lueur à l’est » –pour paraphraser le titre du célèbre roman de Jules Romains– qui semble préfigurer l’instauration de la société idéale qu’ils appellent de leurs vœux. En 1921, à la suite de pas mal de péripéties, Joseph Jacquemotte, War Van Overstraeten et quelques dizaines de militants créent le Parti communiste de Belgique (PCB), qui est aussitôt accueilli au sein de la Troisième internationale. C’est ce moment très particulier de l’histoire politique belge qu’un jeune militant communiste, qui n’a pas trente ans, entreprend d’écrire en 1967. Le Printemps de Prague n’a pas encore eu lieu et Claude Renard est à ce moment-là journaliste au Drapeau Rouge, le quotidien communiste belge. Il prend comme prétexte le 50e anniversaire de la Révolution d’octobre pour rédiger une œuvre pionnière sur la naissance du PCB. Devenu introuvable, ce livre est aujourd’hui réédité à l’occasion du centenaire de la révolution soviétique. Il ravira les historiens et les amateurs du genre. Mais il doit évidemment être abordé comme un document historique en lui-même, une sorte « d’histoire dans l’histoire », dont les limites sont balisées dans une introduction due à Jean Puissant, professeur émérite d’histoire contemporaine à l’ULB, et une postface de l’auteur lui-même qui, à 96 ans, pose sur cette page de notre histoire un regard d’une parfaite lucidité.