Espace de libertés – Juin 2017

Édito

L’Union européenne est-elle en train de sortir de sa catalepsie à l’égard de ceux qui ont choisi de mener des politiques anti-démocratiques et anti-européennes?

Deux événements viennent peut-être bien de changer la donne. D’une part, le nouveau président français a immédiatement prouvé que son engagement en faveur du projet européen n’était ni une vague pétition de principe ni un gadget électoral. L’Europe est manifestement pour Emmanuel Macron une vraie priorité.

Mais au même moment, l’Union européenne a semblé soudain ne plus vouloir tolérer les dérives anti-démocratiques dont Varsovie et Budapest se sont fait une spécialité. Les nombreuses mises en garde et appels à la raison n’ont eu aucun effet. Ces deux pays sont aujourd’hui dans des situations incompatibles avec les standards politiques et éthiques de l’Union ce qui, d’ailleurs, leur en fermerait les portes si ces mêmes étaient encore à l’extérieur et demandaient leur adhésion… Or, l’UE a lancé une procédure dite « de vérification de l’État de droit ». Sans réponse du gouvernement polonais, son cas vient d’être déféré devant le Conseil des affaires générales. L’affaire pourrait tourner mal. Si elle ne prend pas très vite des mesures correctrices, la Pologne risque d’être privée de son droit de vote. Une situation totalement inédite dans l’histoire de l’Union européenne. Même le Parti Populaire Européen (PPE) d’obédience sociale-chrétienne qui accueille en son sein le Fidesz hongrois de Viktor Orbán, semble se faire à l’idée de sanctions possibles pour les deux pays hors des  « clous » démocratiques.

L’arrivée du très europhile Emmanuel Macron à la tête de la France n’a évidemment rien à voir avec tout ceci. Mais la conjonction des événements peut créer un climat propice à un recentrage de l’Union européenne sur les valeurs fondatrices exposées dans l’article 1bis du Traité de Lisbonne qu’il n’est jamais vain de rappeler: « L’Union est fondée sur les valeurs de respect de la dignité humaine, de liberté, de démocratie, d’égalité, de l’État de droit, ainsi que de respect des droits de l’homme, y compris des droits des personnes appartenant à des minorités. Ces valeurs sont communes aux États membres dans une société caractérisée par le pluralisme, la non-discrimination, la tolérance, la justice, la solidarité et l’égalité entre les femmes et les hommes. »