Ces dernières semaines, plusieurs livres aux titres à première vue comparables sont sortis presque simultanément. Des titres dans lesquels il est question de n’avoir « rien vu venir » ou de n’avoir « pas compris ». En les parcourant, on apprend sans surprise qu’ils sont autant de conséquences collatérales – si l’on ose dire – des attentats islamistes qui ont secoué l’Europe ces dernières années. Ils tentent en tout cas de comprendre pourquoi, en effet, ces événements ont pris de court tout le monde ou presque.

Ces livres ont également en commun d’avoir été écrits par des chercheurs universitaires dont on devine qu’ils sont peut-être un peu penauds face au dérapage imprévu de leur sujet d’étude. Pointons plus spécialement ici un livre collectif dirigé par l’excellent anthropologue de l’UCL Pierre-Joseph Laurent. Il rassemble les textes de seize chercheurs belges qui s’étaient réunis à Louvain-la-Neuve en mars 2015 pour partager leur vision des choses avec leurs étudiants. Le but était de tenter de circonscrire la problématique en des termes et des formats susceptibles de la rendre compréhensible à tout un chacun; mais également de développer une analyse plus fine que celle que, au même moment, les médias déversaien tà qui mieux mieux et sans grand esprit critique. Louable intention… qui, avant la publication du résultat, fut prise de vitesse par de nouveaux rebondissements sanglants, à Bruxelles, en mars de l’année suivante.

Au-delà du fait que cet épisode a prouvé une fois de plus que le tempo des terroristes est décidément plus rapide que celui des académiques, il nous reste aujourd’hui un ouvrage d’une rare qualité et d’un très haut niveau d’expertise et qui tient le pari de remettre des mots justes sur des événements qui, comme rarement dans l’histoire, « signifient » terriblement le monde comme il va.