Au commencement était l’EPA (encadrement pédagogique alternatif), vite rebaptisé par quelques esprits facétieux « cours de rien ». Une appellation rigolote qui a fait les beaux soirs des réunions de famille, mais qui a sans doute contribué à installer d’emblée une très mauvaise image de marque dans le public. En réalité, comme on le sait, l’EPA était une réponse improvisée à l’arrêt de la Cour constitutionnelle du 12 mars 2015 qui obligeait le gouvernement à permettre l’exemption des cours de morale et de religion. Après plusieurs mois de tractations, un référentiel cohérent a été écrit. Mais comme il fallait contenter tout le monde, sa concrétisation sur le terrain a débouché sur une improbable « usine à gaz ».
Aujourd’hui, plusieurs dénominations se chevauchent dans un joyeux méli-mélo: EPC (éducation à la philosophie et à la citoyenneté) et CPC (cours de philosophie et de citoyenneté) dans lequel il faut distinguer « CPC obligatoire » et « CPC dispense ». Le « CPC obligatoire » est le cours que doit suivre une fois par semaine tout élève des réseaux concernés, il fait partie de la formation obligatoire et intervient dans l’évaluation de l’enfant. Le second est le cours qui remplace les cours de religion et de morale pour ceux dont les parents en ont demandé l’exemption. En fait, le « CPC dispense » a remplacé l’EPA mais, sur le fond, il ne se démarque pas du « CPC obligatoire » puisqu’il est issu du même référentiel. Vous suivez toujours? Bien.
Dans la grande presse, c’est l’appellation «éducation à la philosophie et à la citoyenneté» (EPC) qui semble l’emporter actuellement. Mais c’est un glissement sémantique lourd de sens. En réalité, c’est de CPC (cours de philosophie et citoyenneté) dont il faut parler. C’est-à-dire, un cours à part entière, structuré et cohérent, et pas une vague matière qui peut être saupoudrée par-ci par là dans des cours préexistants. Non seulement la nuance n’est pas anodine mais elle est éminemment politique. Dans le libre confessionnel, en effet, on a choisi de disperser la matière dans des branches comme le français, l’histoire, etc. C’est pourquoi, dans ces réseaux, on privilégie l’appellation «éducation à la philosophie et à la citoyenneté» (EPA) que, petit à petit, pour faire plus rapide, on réduit souvent à une banale « éducation à la citoyenneté ». Mais les mots veulent dire quelque chose. Et résumer le projet de cours de philosophie et de citoyenneté, voulu par les représentants du peuple, à une matière secondaire qui ne mérite pas plus que quelques lignes dans l’un ou l’autre cahier s’apparente à une entourloupette.