Espace de libertés – Septembre 2016

Avortement: une trop fragile liberté


Dossier

Qui se souvient des «Marie Mineur»? C’était un groupe de militantes féministes, ouvrières d’usine pour la plupart, qui revendiquaient une meilleure paie – égale à celle des hommes – mais aussi le droit de disposer de leur propre corps. Et, donc, de pouvoir avorter si nécessaire. À l’époque, l’interruption volontaire de grossesse est encore un délit grave et beaucoup de gens ne comprennent pas qu’il s’agit d’une question de santé publique et non judiciaire. Les «Marie Mineur» uniront leurs efforts à ceux des docteurs Peers, Amy, Kruyen et autres Hubinont pour que cesse enfin dans notre pays le scandale sordide de l’avortement clandestin.

Pourtant, aujourd’hui, l’IVG est toujours inscrite dans le Code pénal belge. Quel est cet étrange paradoxe? N’est-ce qu’un oubli anodin ou bien une porte mal fermée qui pourrait se rouvrir sous la pression d’émotions ponctuelles? C’est que, un peu partout dans le monde, un climat régressif semble avoir le vent en poupe. Des groupes de pression agissent et tentent d’impressionner une opinion toujours plus volatile. En Europe, des gouvernements au conservatisme exacerbé imposent un retour à un certain «ordre moral». Et au centre de tout: le corps de la femme, éternel champ de bataille, enjeu de combats que l’on pourrait croire d’un autre âge… Que va faire la Belgique? Reculer ou avancer?

 

Illustrations: Suzy Cohen